Le montant de la facture de l'importation des médicaments ne cesse d'augmenter. «C'est une prise de conscience.» Telle est la première réaction de l'Unop quant à la décision prise par le gouvernement, visant l'interdiction de l'importation des médicaments déjà produits en Algérie. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie laisse entendre, qu'à travers cette décision, le gouvernement algérien est revenu à de meilleurs sentiments. Cela dans la mesure où une décision similaire avait été prise en 2003. Depuis, les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé l'ont complètement ignorée. Ziad Ammar, président de l'Unop, explique à L'Expression qu'«en 2003, le Pr Aberkane, alors ministre de la Santé, avait arrêté une liste de 128 médicaments à protéger. Mais ses successeurs ont décidé le contraire. M.Redjimi a décidé une ouverture sauvage sur l'importation, sans prendre en considération la production nationale. L'argument avancé était lié aux négociations menées par l'Algérie pour adhérer à l'OMC». Cette décision n'a toujours pas été supprimée par son successeur. «M.Tou a décidé, non seulement, une ouverture totale sur l'importation, mais aussi a modifié des articles du cahier des charges obligeant les opérateurs à investir. Amar Tou, (actuel ministre des Transports, Ndlr), a abrogé l'obligation d'investissement dans les produits pharmaceutiques», a enchaîné M.Ziad. Ces deux décisions respectivement de M.Redjimi et de Amar Tou ont eu des répercussions négatives sur la production nationale et sur le marché du médicament en Algérie. Explication: cinq ans après, le gouvernement a décidé de revenir à la décision, espérant rattraper le retard. «C'est une perte de temps», commente le même interlocuteur. Et de poursuivre: «C'est aussi une perte d'argent.» Sur ce point, il faut le reconnaître, des milliards de dollars sont partis en fumée à cause de l'ouverture sur l'importation et à cause de la suppression de l'obligation d'investissement. Comment? «A l'époque du Pr Aberkane, des sociétés multinationales se sont rapprochées des opérateurs nationaux, envisageant de travailler avec eux, en partenariat, en investissant en Algérie. Mais, une fois les articles, qui y faisaient obligation, abrogés, les produits arrivent finis en Algérie. C'est à-dire que les opérateurs n'étaient plus obligés de produire en Algérie», a-t-il encore expliqué. Il faut souligner que le montant de la facture de l'importation des médicaments ne cesse d'augmenter. Elle est de l'ordre de 1.5 milliard de dollars. Elle augmente en moyenne de plus de 20% par an. La facture d'importation des médicaments en Algérie représente 330 dollars par habitant/ par an. Concernant le retard, cette décision vient soulager bon nombre de sociétés nationales, dans la mesure où plusieurs d'entre elles se voyaient menacées dans leur propre existence. «La production nationale n'était pas protégée. Des sociétés étaient menacées de disparition. Des entreprises étaient déclarées à vendre. A titre d'exemple, Saidal était étouffée par l'ouverture de l'importation des produits qu'elle fabriquait et par l'abrogation de l'obligation d'investir», a précisé M.Ziad. Pour ce dernier, ces nouvelles mesures de mardi dernier «vont permettre aux sociétés existantes de «renaître» et permettre aux opérateurs de créer de nouvelles entreprises». M.Ziad s'est félicité de cet acquis: «Après plusieurs années de revendication, l'Unop a réussi à arracher officiellement la sienne. Nous avons créé un comité de concertation pour la protection de la production nationale. Nous avons tenu des réunions avec les représentants du ministère, et ces réunions ont donné de bons résultats.» Globalement, cette décision aura certainement des effets très positifs sur l'industrie pharmaceutique nationale. La production nationale voit la menace qui l'a fragilisée s'éloigner. Egalement, elle aura des conséquences sur le prix du médicament sur le marché national. En effet, le prix du médicament générique est beaucoup moins cher. Dans le même contexte, le président de l'Unop assure: «Les sociétés nationales assureront la disponibilité de tous les médicaments sur le marché.» Concernant la qualité, il précise: «Même les médicaments importés sont contrôlés par le Laboratoire national. Donc, il n'est même pas question d'évoquer la question relative à la qualité.»