Ils assurent que la suppression de l'article 74 de la Constitution ne risque, en aucun cas, de compromettre le processus de l'alternance. Le cercle des partisans de la révision de la Constitution s'élargit. Le tiers présidentiel du Conseil de la nation a appelé officiellement à l'amendement de l'article 74 de la Constitution. L'article en question stipule que «la durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans.Le Président de la République est rééligible une seule fois». Dans une déclaration rendue publique, les sénateurs ont demandé ouvertement la révision de cet article. «La candidature du président Bouteflika à un troisième mandat, à laquelle appellent les membres du tiers présidentiel, nécessite, évidemment, la reconsidération du contenu de l'article 74 de la Constitution, portant limitation du nombre de mandats», précisent les représentants du Président, dans le document. Une sortie qui intrigue les observateurs les plus avertis. Ces derniers s'interrogent particulièrement sur le timing de cette sortie pour le moins inattendue. En effet, c'est au moment où les organisations, les associations et les médias lourds appelant depuis des semaines à la révision de la Constitution marquent le pas, que les sénateurs du tiers présidentiel rendent public leur document. Une autre question encore plus intrigante: qui est derrière cet appel? Dans quel intérêt est-il lancé? Du reste, les sénateurs ne semblent pas s'encombrer de questionnements. Ils estiment que la suppression du nombre de mandats n'est guère une simple revendication, mais une nécessité qui s'impose. Mais cette sortie est loin d'être un non-événement. Il s'agit de la plus haute autorité de l'Etat. Tout en soutenant la candidature du Président à un troisième mandat, les sénateurs sont allés droit au but en demandant la suppression de la limitation des mandats. «La suppression de cette clause peut se justifier par des arguments théoriques indéniables. Cette thèse est, du reste, sujette à débat à travers le monde. Elle peut être valable dans un Etat et pas dans un autre comme elle peut être valable pour une période et pas une autre», indique le document. Cette déclaration annonce-t-elle bientôt l'amendement de la Constitution, sachant qu'elle intervient juste après l'ouverture de la session de printemps? L'horizon n'est toujours pas clair. Du côté des sénateurs du tiers présidentiel, aucune information ni le moindre indice n'a filtré. «Nous n'avons aucune information», a affirmé un membre du tiers présidentiel. Pour lui, le Président est le seul à détenir le secret. «C'est une réflexion que nous avons engagée depuis quelques mois», a souligné notre interlocuteur. Après les partis politiques et les associations, les représentants du président au Sénat, ont voulu apporter leur appui. Pourquoi maintenant? Pour la simple raison, explique notre interlocuteur, que la conjoncture actuelle est marquée par de multiples déclarations des partisans de la limitation des mandats. Voulant écarter toute polémique, l'équipe du tiers présidentiel a décidé de se mettre à l'avant- garde. L'ouverture de la session de printemps était, pour ces sénateurs, l'occasion ou jamais de défendre le projet en question. Dans un document de six pages, les sénateurs ont clairement expliqué que la suppression de l'article 74 ne risque pas de compromettre le processus de l'alternance. «La non-limitation des mandats ne remet pas nécessairement en cause le principe de l'alternance, tout comme sa limitation ne signifie pas la voie automatique ouverte à l'alternance», précise le tiers présidentiel. Il avance l'argument selon lequel les exemples de reproduction du pouvoir sous d'autres noms sont nombreux. Les partisans de la limitation des mandats développent, indique-t-il, des arguments fondés sur le droit à l'alternance. «L'alternance ne peut être que démocratique. Elle est le résultat d'une volonté populaire à travers la libre expression des suffrages. Elle ne signifie, en aucun cas, une présidence tournante, une forme de rotation», explique-t-il. S'adressant directement à ce courant, les sénateurs affirment que la réflexion en la matière, doit être orientée vers des mutations démocratiques, de forme civilisée et non violentes. Les sénateurs ont également développé les raisons d'un tel choix, à savoir l'amélioration de la situation sécuritaire, le redéploiement de l'Algérie sur la scène internationale, le développement du processus économique, les grands chantiers de réformes. Ce sont autant d'éléments éminemment positifs dans la construction d'un Etat de droit et en voie de devenir émergent, qui imposent, selon eux, de renouveler leur confiance au chef de l'Etat.