Pas un seul contradicteur n'a été invité pour donner un peu de piquant et de crédibilité à un débat consacré à une question aussi importante que l'amendement de la Loi fondamentale du pays. Dans un bel unanimisme, Messaoud Chihoub (vice-président à l'APN), Bouzid Lezhari (membre du Conseil de la nation) et Mohamed Faden (ancien membre du Conseil constitutionnel), tous invités de l'émission “Tahaouelet” de la radio Chaîne I diffusée hier, ont porté au pinacle le projet de révision constitutionnelle du président de la République. Pas un seul contradicteur n'a été invité pour donner un peu de piquant et de crédibilité à un débat consacré à une question aussi importante que l'amendement de la loi fondamentale du pays. “La Constitution est un texte de loi fait par des humains, et dont l'efficacité se révèle à l'épreuve de son application sur le terrain. La Constitution de 1996 est marquée par nombre de lacunes qu'il y a lieu de corriger pour situer les responsabilités et asseoir un pouvoir exécutif fort”, a soutenu M.Chihoub. Et Bouzid Lezhari de lui faire écho en soutenant que “c'est une chose normale dans tout système démocratique que de porter des correctifs à la Constitution”. Si d'aucuns ont trouvé le toilettage de la Constitution fait par le président de la République bien profond, ce n'est pas du tout l'avis des invités de l'émission “Tahaoulet”. “Il n'y a aucune atteinte aux équilibres fondamentaux. Certes, les amendements du Président sont importants, mais ils ne sont pas fondamentaux. Il n'y a pas donc de nouvelle constitution”, professe M. Lezhari. Et M. Faden d'appuyer : “L'initiative du président de la République est tout à fait conforme aux articles de la Constitution. Il n'a touché qu'à des aspects techniques. Il n'a fait qu'user des prérogatives qui lui sont dévolues par la Constitution.” M. Chihoub estime, pour sa part, que “les amendements proposés dans la révision constitutionnelle sont simples et partiels”. Et d'enchaîner : “En plus, en soumettant le projet portant révision constitutionnelle au Parlement incarnant la volonté populaire, le Président a consulté de manière indirecte le peuple.” Pour ce qui est de la levée de limitation des mandats présidentiels, elle n'est en aucun cas, aux yeux des trois invités de la radio, une remise en cause de l'alternance au pouvoir. “La non-limitation des mandats présidentiels est une mesure qui existe dans les plus grands systèmes démocratiques. Le contraire est tout aussi vrai. Nous devons choisir ce qui est conforme à notre situation et aux particularités du peuple algérien. À l'image de son expérience démocratique et parlementaire, l'Algérie est un pays jeune. Pour assurer leur développement, les pays du tiers-monde ont besoin de personnalités charismatiques et fortes”, explique M. Chihoub, avant d'ajouter : “Sur le plan juridique, l'article 74 de la Constitution est en contradiction avec le principe général énoncé dans l'article 10 stipulant que le peuple est la source du pouvoir.” Pour M. Lezhari, qui a été membre de l'équipe qui a confectionné la Constitution de 1996, “à chaque situation les lois qui s'y adaptent. Or, les réalités de toute société évoluent. Aussi, je ne vois aucune contradiction entre la limitation ou non des mandats présidentiels, à plus forte raison que ce sont les forces politiques les plus représentatives qui ont exigé, avant même le président de la République, la levée de l'article limitant les mandats présidentiels”. “Le consensus de 1996 sur l'article 74 limitant les mandats présidentiels était conjoncturel”, assure M. Faden avant de s'écrier : “Comment se fait-il qu'un président d'APC ou un député ont le droit de se représenter autant de fois qu'ils veulent, mais pas le président de la République ?” “C'est l'urne qui décide de l'alternance au pouvoir”, tranche-t-il. Arab CHIH