L'entraîneur de l'équipe d'Egypte estime que l'Afrique se trompe en n'accordant pas d'intérêt aux championnats locaux. L'entraîneur de la sélection nationale d'Egypte de football, Hassan Chehata, a estimé que le football en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc et Libye) était d'un haut niveau durant les années 70 et 80, en l'absence de l'Egypte qui accusait un certain retard en matière de moyens et d'infrastructures. «Nous étions moins nantis par rapport aux sélections des pays de la région, qui possédaient d'importants moyens qui leur permettaient de se frotter aux plus grandes équipes européennes», a indiqué M.Chehata, interrogé par le bureau APS du Caire. Evoquant le football algérien, le sélectionneur égyptien dira que «le ballon rond algérien était, il y a 20 ans, une fierté pour le football arabe et africain grâce à sa prestation au Mondial», et déplorant la situation dans laquelle se morfond actuellement le football algérien. «Il est vrai que le football algérien connaît depuis la fin des années 80 un déclin et a du mal à renouer avec son passé glorieux. Je ne suis pas le championnat algérien, mais c'est le constat qui se dégage de la participation des clubs algériens aux différents rendez-vous africains et des prestations de la sélection nationale», estime le coach égyptien. Le sélectionneur des Pharaons garde de bons souvenirs des joueurs algériens. «Nous avons été confrontés dans des rencontres de haute facture, et peu importe les résultats.» L'ancienne vedette du Zamalek souligne, dans ce sens, que bien que n'ayant pas eu de contacts directs avec les joueurs algériens, ses rencontres aussi bien au niveau des clubs que des sélections nationales lui ont permis de découvrir des talents exceptionnels à l'image de Belloumi, Madjer et Assad. «Nul ne peut ignorer les exploits de la sélection et des clubs algériens il y a une vingtaine d'années», poursuit Hassan Chehata ou «le maître» pour la presse égyptienne. Evoquant le parcours de la sélection égyptienne, qui a glané son sixième titre lors de la 26e édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2008, Ghana), le coach des Pharaons dira que «la mobilisation des joueurs pour défendre les couleurs nationales a poussé l'équipe à se transcender». Pour Chehata, une fois ces deux éléments réunis, une stratégie de jeu que les joueurs égyptiens pourront assimiler selon leurs capacités et potentialités a été adoptée. La stratégie 3-4-1-2 permet aux joueurs d'être présents en grand nombre sur tous les fronts. S'agissant des perspectives de l'équipe égyptienne après son dernier exploit, Chehata a souligné que «notre responsabilité est désormais plus lourde. On attend de nous la qualification au Mondial. Les tours éliminatoires sont, cette fois-ci, plus difficiles que les précédents». L'édition de 2010 sera, selon l'expert égyptien, ‘'plus dure car les équipes africaines sont devenues très fortes. Chaque équipe peut créer la surprise''. Cette force s'explique par la contribution de joueurs professionnels, qui évoluent dans des clubs européens. La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) est le deuxième rendez-vous du ballon rond après la Coupe d'Europe (Euro), d'où l'importance accordée par les Etats africains aux encadreurs sportifs locaux et à la réalisation d'infrastructures sportives. La qualification au Mondial (Afrique du Sud, 2010) constitue le rêve de l'ensemble des équipes et des joueurs, a estimé Chehata. «C'est un rêve qui me tient à coeur alors que j'évoluais dans l'équipe égyptienne. Maintenant que suis à la tête de cette formation, nous ne ménagerons aucun effort pour le réaliser». Evoquant la réalité du football africain, Chehata a mis en exergue les brillantes figures africaines qui font la force des clubs européens, imputant cette situation aux moyens matériels, le staff technique et aux joueurs. «La formation d'une bonne équipe repose sur le choix d'un staff technique qui connaît les capacités des joueurs», a-t-il insisté, ajoutant que «le joueur retenu devra répondre à des critères moraux, entre autres, la conviction d'évoluer dans une équipe nationale, ce qui est fondamental». ‘'Ne pas accorder l'intérêt nécessaire aux championnats locaux au niveau africain, selon Chehata, constitue l'un des facteurs ayant contribué à l'échec africain au plan mondial''. En outre, de nombreux joueurs africains, notamment les nord-africains évoluent dès l'âge de 18 ans à l'étranger, particulièrement en Europe, a-t-il poursuivi. Toutefois, les joueurs égyptiens évoluent dans des équipes locales, ce qui explique la prééminence des clubs égyptiens au niveau continental. Il s'agit d'une «équation complexe que les pays africains et les décideurs devraient prendre en compte pour allier le professionnalisme à la priorité des championnats locaux en vue de relancer le football africain», estime Chehata, qui a remporté deux CAN successives (2006, 2008).