Les changements dans le ton ne sont guère étrangers à cette formation, connue pour ses retournements spectaculaires. L'avenir du Mouvement de la société pour la paix (MSP) au sein de la coalition gouvernementale sera le point nodal du 4e congrès du parti prévu pour le 30 avril. Les congressistes feront le bilan de la participation de la formation dans les institutions de l'Etat. Le gouvernement en premier lieu. C'est ce que nous a confié M.Abderrahmane Saïdi vice-président du parti. «Le congrès ne va pas faire une fixation sur cette alliance gouvernementale, mais il faut reconnaître qu'on ne peut pas occulter cette importante question», précise notre interlocuteur. Ce point est inscrit dans un document intitulé: «Bilan sur la participation politique du MSP» qui sera enrichi par la base lors des congrès de wilaya, qui seront entamés à partir de jeudi pour une durée de 15 jours. «Nous allons écouter la base, prendre en considération ses aspirations, disséquer les défaillances afin d'aller au congrès avec une vision claire, unifiée sur l'avenir du parti», ajoute-t-il. Sur ce point bien précis, il faut savoir que les avis sont très partagés au sein de cette formation. Le rapprochement MSP-pouvoir n'est pas très apprécié par un nombre non négligeable de militants et de cadres, qui ont vu, en cette démarche, une tentative de dévier le parti de sa ligne politique. Parmi les opposants, l'on retient principalement le nom de M.Madjid Menasra, l'un des candidats à la présidence du parti. Paradoxalement, le Mouvement de la société pour la paix retrouve son discours d 'opposition à quelques semaines du congrès. Lundi, sans ambages, il a appelé le gouvernement à «se prononcer rapidement» sur la nouvelle grille des salaires et à entreprendre «d'autres démarches» pour la prise en charge du front social, dans un communiqué rendu public lundi au terme de la réunion de son bureau exécutif national. Mais il est important de signaler cette énigmatique duplicité dans le discours du parti. Ce dernier stigmatise le travail du gouvernement alors que ses ministres défendent bec et ongles sa politique, notamment en matière de soutien au pouvoir d'achat. C'est le cas du ministre du Commerce El Hachemi Djaâboub. Le MSP pourrait-il quitter le gouvernement? Le MSP, par la voix de son chef de file, M.Bouguerra Soltani, n'avait-il, pour rappel, pas menacé en 2005 de claquer la porte de l'Alliance stratégique avant de renoncer à cette idée? D'aucuns s'accordent à constater que ce changement dans le ton n'est guère étranger à cette formation, connue pour ses «retournements de veste» spectaculaires. Rappelons que le MSP s'était retiré du groupe des 10+1 pour intégrer ensuite l'Alliance stratégique. En l'espace de quelques semaines, le parti s'est projeté dans deux univers politiques diamétralement opposés. Si pour certains observateurs, le parti donne l'image d'une formation qui se perd ou se cherche. D'autres, en revanche, n'ont pas hésité à l'accuser d'entrisme. Par ailleurs, le MSP fera aussi le point sur sa présence dans les institutions élues, (APC et APN), selon Saîdi, et débattra le 30 avril «de la politique générale» Pour Saïdi, «les militants sont conscients des défis qui les attendent pour améliorer l'action et la position du parti sur la scène politique». Dans ce processus de renouvellement, la direction insiste sur «l'unité des rangs», même si, reconnaît Saîdi, il existe des points de vue divergents au sein de la direction: «Durant les cinq dernières années, il est vrai qu'un débat contradictoire a ressurgi au sujet de plusieurs questions. Chose que nous considérons comme tout à fait normal dans la vie d'une formation politique.» Ses contradictions ne concernent pas les questions «de fond ou de principe», mais elles sont souvent en relation avec la gestion du parti: «A chaque fois, un consensus est dégagé par le conseil consultatif», conclut-il.