On est encore loin de la rupture, mais les relations entre les deux capitales connaissent un certain froid. La lune de miel serait-elle consommée? Les relations algéro-amércaines traversent une zone de turbulences. Rien ne semble allé pour le mieux entre Alger et Washington. Véritable climat de tension. Le ciel s'est assombri de nuages. L'orage a fini par éclater. L'Association des agriculteurs-exportateurs américains, affiliée au ministère américain de l'Agriculture, vient d'annoncer l'annulation d'un contrat de vente pour l'Algérie de 100.000 tonnes de blé dur pour livraison 2007/2008. Le site Internet, «agweb» qui rapporte l'information, ne donne aucune raison à cette annulation. Cependant, certains observateurs l'attribuent à la mauvaise récolte de producteurs américains pour cause de mauvaises conditions météorologiques. En outre, le département américain de l'Agriculture (Usda), a révélé, en décembre dernier, ses intentions de semer en janvier pour le blé d'hiver et en mars pour les autres cultures. Pas de semences, pas de récoltes. Et dire que l'Algérie devrait importer 200.000 tonnes de blé tendre des Etats-Unis, une quantité qui devait venir s'ajouter aux 320.000 tonnes déjà commandées. Néanmoins, la décision prise par les agriculteurs-exportateurs américains ne peut qu'avoir des conséquences néfastes sur le plan social local. Elle risque de remettre en cause la stabilité du marché local en Algérie. Le prix du pain risque de prendre des envolées incontrôlables, d'autant plus que l'Algérie demeure dépendante des importations. Cette décision des exportateurs américains intervient au lendemain d'un désaccord diplomatique né d'une série de confusions. Certes, c'est sans doute un refroidissement, mais c'est loin d'être un signe de rupture. Il n'en demeure pas moins que les relations entre les deux capitales connaissent un certain froid. Son point d'orgue a été les rencontres initiées par Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis à Alger, avec certaines associations et partis politiques. Une initiative qui n'a pas été du goût des autorités algériennes. D'ailleurs, le ministère algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a saisi officiellement le diplomate américain accrédité à Alger. «Nous avons expliqué à l'ambassadeur des Etats-Unis qu'il existe des lois et des règles régissant l'activité des représentations diplomatiques auxquelles il doit se soumettre», a affirmé Mourad Medelci. Usant d'un langage d'une sévérité exemplaire, peu coutumière dans les relations entre les deux pays, M.Medelci a tenu à rappeler à l'ordre la représentation diplomatique américaine à Alger en soulignant que ces lois s'appliqueront à tout le monde «sans exception». Et de préciser: «Le ministère des Affaires étrangères a contacté M.Ford pour lui rappeler que ses activités dans le cadre de sa mission en Algérie doivent obéir aux règles élémentaires de la diplomatie.» A la suite de ces événements, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a adressé, la semaine dernière, une instruction aux associations agréées, les sommant de ne plus se rendre à l'ambassade des Etats-Unis en Algérie, ou de déposer des plaintes auprès cette institution afin d'obtenir des autorisations pour l'organisation des rassemblements que les autorités locales auraient refusés, selon l'édition d'hier de notre confrère El Khabar. La note ne concernerait que les associations à caractère civil et non les partis politiques. Ce désaccord patent n'a pas, selon des observateurs, trait seulement à une divergence sur les règles régissant la représentation diplomatique. Différents intérêts lient les deux parties. Et ces intérêts n'ont pas toujours un rapport au partenariat stratégique initié dans le cadre de la lutte antiterroriste. Le refus officiel de l'Algérie d'abriter le siège de l'Africom est un autre point de discorde. En outre, l'amendement de la loi sur les hydrocarbures a été une pilule amère, dure à avaler. Le président Bouteflika a jugé nécessaire de préserver les richesses naturelles pour les générations futures. Les Américains n'ont pas admis que leurs entreprises soient évincées des grands projets d'infrastructure, notamment l'autoroute Est-Ouest, sans oublier le fait que l'Algérie aime à diversifier ses partenaires économiques. Ainsi, à quelques mois du départ de George W.Bush de la présidence américaine, les relations algéro-américaines semblent amorcer un virage. Son successeur aura du pain sur la planche. Cependant, de nombreux observateurs estiment que le nuage se dissipera bientôt tel un orage d'été. Les objectifs tracés restent inchangés. L'intérêt prime...