Nombreux sont les points de divergence entre les deux capitales. Jamais, ou presque jamais, un climat aussi froid et tendu n'a caractérisé les relations algéro-françaises. Il est certain que «l'amitié» algéro-française a évolué avec le sentiment «je t'aime, moi non plus». Mais cette année, de nombreux événements et questions ont remis sur le tapis la question de la détérioration de l'amitié algéro-française. Le langage diplomatique a cédé le pas aux désaccords. Nombreux sont les points de divergence entre les deux capitales ayant partagé tant de choses. L'Elysée n'hésite à aucun moment à afficher ses positions politiques sur certains dossiers internes à l'Algérie. L'acharnement français contre l'Algérie remonte à l'affaire du diplomate Hasseni, arrêté à l'aéroport de Marignane (Bouches-du-Rhône). Depuis, le Quai d'Orsay fait la sourde oreille aux appels diplomatiques de l'Algérie en vue de la libération du diplomate. Dans cette crise diplomatique entre Paris et Alger, le Quai d'Orsay ainsi que l'Elysée avaient estimé que cette affaire relevait de la Justice. Les hauts dirigeants français ont soutenu que le «pouvoir judiciaire est libre et indépendant en France», et que le pouvoir exécutif ne peut faire pression sur la justice dans le traitement des affaires. Or, l'Elysée adopte la politique du deux poids, deux mesures. En effet, la France officielle s'est déjugée en 24 heures dans l'affaire de l'opposant marocain, Mehdi Ben Barka. La justice française avait donné son feu vert à Interpol pour lancer des mandats d'arrêt contre de hauts responsables marocains qui seraient impliqués dans l'assassinat de cet opposant au Roi Hassan II. Paris a même fait une volte-face au point que le parquet de Paris a demandé la suppression de ces mandats d'arrêt. Qui a osé parler de «l'indépendance» du pouvoir judiciaire en France? L'autre exemple illustrant la contradiction dans la position française est celui lié à la jeune étudiante française, Clotilde Reiss, inculpée d'espionnage en Iran. Même si l'enquête se poursuit dans les tribunaux iraniens, la France demande sans cesse sa libération sans condition. Or, il s'agit d'une affaire purement judiciaire. La France qui donne des leçons à l'Algérie en matière de séparation des pouvoirs, devrait commencer d'abord par donner l'exemple en respectant les décisions de la justice iranienne. Mais le dossier ayant refroidi les relations entre Alger et Paris demeure la mort de moines de Tibhirine. Le président français et ses ministres de la Défense, de la Justice et même de l'Intérieur, avaient ordonné la levée du secret-défense sur tous les documents classés secrets liés à l'assassinat, en 1996, des sept moines à Médéa. Le président français était allé loin dans cette politique. Interpellé par la presse de son pays sur cette question, Nicolas Sarkozy avait ajouté de l'huile sur le feu en déclarant que «les relations entre les grands pays, elles s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge». Le report sine die de la visite du président Abdelaziz Bouteflika en France, annoncée par Nicolas Sarkozy, lui-même, confirme le froid caractérisant les relations entre les deux pays. Annoncée à maintes reprises pour l'année en cours, cette visite n'a toujours pas eu lieu. Sur le plan régional, la position de la France par rapport au conflit du Sahara occidental laisse à désirer. La France n'a pas usé de ses relations avec le Maroc dans l'affaire de Aminatou Haïdar. Sur le plan économique, les patrons français n'ont pas apprécié les mesures adoptées par le gouvernement algérien dans le cadre de la loi de finances 2009. Les chefs d'entreprises françaises ont tenté de mettre la pression sur l'Algérie, avant de se montrer «compréhensifs» en promettant une intention d'investissement de 5 milliards d'euros. A la lumière de ces données, il est plus évident que les relations entre les deux pays ont traversé en 2009 plusieurs zones de turbulences. L'année 2010 apportera-t-elle des solutions aux problèmes posés, ou bien les responsables de l'Hexagone enfonceront-ils encore les portes déjà grandes ouvertes?