A l'origine de la dégradation de la situation, la flambée des prix des céréales sur le marché mondial. Le secteur de l'aviculture se porte mal à Béjaïa et vraisemblablement au niveau national. La wilaya de Béjaïa est classée à la 3e position en la matière avec une production de 40 000 quintaux de viandes blanches et 300 millions d'unités d'oeufs. Des pertes colossales sont continuellement enregistrées au cours de cette année et commencent à inquiéter les professionnels du secteur qui travaillent, désormais, à perte. Certains d'entre eux comptent même mettre la clé sous le paillasson et changer d'activité. Seule l'aide étatique peut changer l'ordre des choses, estime-t-on du côté de l'association des aviculteurs. Mais d'autres spécialistes en nutrition animalière, à l'image du Dr Atroune, préconisent plutôt «la lutte contre le manque à gagner par une autre culture d'élevage qui réduit au maximum les pertes». Pour ce spécialiste, la flambée des prix sur le marché mondial n'est pas propre à l'Algérie mais touche tous les aviculteurs du monde. A l'origine de la dégradation de la situation, la flambée des prix des céréales sur le marché mondial. Cette flambée a mis à mal toute l'activité des aviculteurs à Béjaïa. Comme remède, l'association des aviculteurs préconise, «la baisse de 17 à 7% de la TVA sur les intrants et la réduction des tarifs douaniers sur les intrants entrant dans l'aliment de volaille». Sachant que l'aliment de la volaille est constitué à 80% de céréales (maïs, soja, tourteau, son, et minéraux vitaminés), les opérateurs du secteur font face à un véritable surcoût de la production. En effet, le prix des composants définit directement celui de l'aliment et par voie de conséquence celui du poulet. Or, notent les aviculteurs, «le prix du poulet n'a pas beaucoup varié depuis des mois, connaissant même des baisses significatives». Cette contradiction a induit un creuset dans les pertes qui a conduit beaucoup d'éleveurs à une situation de faillite. On ne chiffre pas pour le moment l'ampleur de la désaffection, mais d'ores et déjà, certains éleveurs ont mis la clé sous le paillasson, malgré eux. Si l'Etat n'intervient pas rapidement, l'activité risque de perdre beaucoup de ses exploitants avec pour conséquence, des travailleurs qui seront mis au chômage. Contacté par nos soins, le Dr Abdenour Atrouner, spécialiste en nutrition et manager général de Sanvital, leader et pionnier de la science en nutrition et bio-hygiène prévention, déclare à ce sujet: «Nous avons mis sur le marché des formules à base de produits nutritionnels tout à fait performants pour avoir une meilleure productibilité et productivité». Pour ce spécialiste en nutrition animalière, «les éleveurs doivent être sensibilisés pour une autre culture d'élevage développée et basée sur la science de la nutrition». Ces 20 dernières années, le secteur de l'aviculture a connu une expansion extraordinaire. Le secteur a attiré beaucoup d'investisseurs. Des jeunes et moins jeunes se sont lancés dans le métier d'élevage de poulet de chair ou de poule pondeuse. D'autres se sont reconvertis devant l'attrait du métier. Des poulaillers ont poussé comme des champignons dans la région de Béjaïa au point de provoquer avec les déchets qu'ils engendrent de nombreuses inconséquences sur l'environnement. C'était l'époque où le prix de l'aliment était abordable. Le prix du poulet était alors régulé par le marché, avec des fluctuations régulières. Aujourd'hui, la situation est tout autre. On ne pense plus à investir dans le métier mais plutôt à l'abandonner. Une véritable crise, en somme, qui ne manquera pas d'engendrer des conséquences sur l'activité dans la wilaya de Béjaïa qui se singularise par des petits élevages de moins de 10.000 sujets. Sur 1593 établissements recensés, 932 n'ont pas d'agrément.