Le ministre de l'Agriculture a annoncé que l'Etat achètera le blé local à un prix proche de ceux appliqués sur les marchés internationaux. Fini les tirs croisés. Le département de l'agriculture et celui du commerce ont fait, apparemment, la paix. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M.Saïd Barkat s'est montré solidaire de son collègue du Commerce. S'exprimant lors de son passage au forum de l'Entv sur la flambée des prix, M.Barkat a dégagé sa responsabilité. «Je suis responsable de la production et non pas de la régulation des prix», a-t-il simplement répondu admettant, toutefois, l'absence de régulation des marchés. M.Barkat qui renvoyait, auparavant, la balle directement à son collègue du Commerce, a changé sa position. Afin d'écarter toute mauvaise interprétation, il a déclaré: «Je n'accuse pas le ministre du Commerce.» L'invité de l'Entv est allé loin dans sa réflexion pour sauver la peau de son collègue. Il a expliqué que le ministre du Commerce n'a pas les moyens en main pour mettre fin à cette situation. En revanche, M.Barkat s'en est pris directement aux spéculateurs. «Ce sont les spéculateurs qui sont à l'origine de cette flambée», a-t-il insisté. Pour preuve, dit-il, la hausse n'est pas due à un déficit de la production, car, «on trouve tout sur le marché». Or, cet argument est loin de tenir la route. S'il y avait effectivement une surproduction, les prix ne seraient pas aussi élevés. Quant aux prix élevés des agrumes, le ministre a expliqué que le verger national consacré à ces fruits -qui remonte à l'Indépendance- n'a jamais été renouvelé depuis 1962. Jusqu'en 2007, sur une superficie de 360.000 hectares réservés aux agrumes, seuls 60.000 hectares ont été renouvelés. Revenant sur l'affaire du blé produit localement, le ministre a annoncé que le gouvernement l'achètera à des prix proches de ceux appliqués sur les marchés internationaux. Bonne nouvelle donc pour les paysans. Ces derniers ont beaucoup souffert des prix bas fixés par le gouvernement. Cependant, l'Etat ne va plus accorder de subventions par avance aux paysans concernés. A noter que l'Etat accordait des subventions aux paysans lesquels, en contrepartie, vendaient leur blé à 250 dollars le quintal. Devant la hausse sensible des prix sur les marchés internationaux, qui ont dépassé les 800 dollars le quintal, le gouvernement a décidé de réaménager les prix locaux pour les rapprocher du taux qui se pratique sur les marchés internationaux. Cela va se traduire par une revalorisation des prix du blé produit localement. Selon le ministre de l'Agriculture, les besoins de l'Algérie en céréales sont estimés à 60 millions de quintaux annuellement, dont une partie importante de blé. Les quantités de céréales produites localement sont estimées à 41 millions de quintaux par an. Cette production ne couvre que 50% des besoins nationaux en la matière. Pour ce qui est des résultats du secteur, M.Barkat a relevé que l'année 2007, le secteur a enregistré un taux de croissance de 6,4% et sa contribution au PIB est de 10,8%. La valeur de la production agricole pour la même année, est estimée à 664 milliards de dinars (soit 9,2 milliards USD). Cette valeur, indique le ministre, représente le double de ce qu'a accordé l'Etat au secteur durant sept années. M. Barkat a jugé insuffisantes les subventions accordées à son secteur. Celles-ci représentent 7% du produit contre 42% dans les pays de l'Union européenne et 60% en Suisse. Concernant la main-d'oeuvre, il a fait savoir que près de 1,15 million de personnes exercent dans les activités agricoles et 24.000 autres activent dans les domaines liés aux services agricoles, comme la collecte de lait frais. Enfin, le ministre a indiqué que le retard accusé dans la vente d'engrais aux paysans relève de considérations sécuritaires. Il a précisé que les autorités tentent de trouver une solution pour assurer l'acheminement des engrais dans les meilleurs délais.