Citant un économiste marocain, le quotidien espagnol El Pais révèle que le Maroc a déboursé pas moins de 95 milliards de dollars depuis 1975 pour maintenir sa présence militaire au Sahara occidental et 25 autres milliards pour les dépenses civiles dans les territoires sahraouis. L'occupation du Sahara occidental revient cher au Makhzen, selon les estimations d'un expert marocain en économie, Fouad Abdelmoumni, repris par El Pais. Ainsi, Rabat a dépensé environ 120 milliards de dollars depuis la “marche verte” en 1975 pour maintenir son armée et pour les dépenses civiles. L'entretien et l'équipement d'une armée composée de 360 000 hommes, dont 130 000 à 160 000 sont toujours déployés dans les territoires du Sahara occidental, ont coûté pas moins de 95 milliards de dollars au budget marocain. La même source ajoute que 25 autres milliards de dollars ont été également déboursés dans des dépenses civiles. Le journal espagnol indiquera que l'organisation par le Maroc de plusieurs évènements culturels dans des villes sahraouies occupées, comme le Premier Salon international du dromadaire à El-Ayoune, ou encore le grand festival de musique rap à Dakhla, ne fait qu'alourdir les dépenses. À ce sujet, l'économiste marocain précise qu'“il s'agit d'investissements qui n'obéissent à aucune rationalité économique et sociale”. Dans le même ordre d'idées, Fouad Abdelmoumni explique que le coût du conflit du Sahara occidental, même s'il reste tabou au Maroc, entrave “sérieusement” son développement économique et affaiblit de 1% à 2% la croissance économique annuelle de ce pays. Selon lui, ces grandes dépenses empêchent le développement du Maroc. “Le coût financier est beaucoup plus élevé avec les multiples primes accordées aux fonctionnaires marocains nommés pour exercer au Sahara occidental, bénéficiant ainsi entre 25% et 75%, en plus de leur salaire et d'un accès aux produits alimentaires de base subventionnés”, souligne El Pais qui cite un rapport de l'International Crisis Group (ICI). En effet, les fonctionnaires déplacés au Sahara occidental, dans le cadre de la stratégie visant à “marocaniser” ce territoire par tous les moyens, reviennent à un coût exorbitant en raison des nombreux avantages et privilèges qui leur sont accordés. Il faut dire que ces dépenses faramineuses se répercutent inévitablement sur le budget de l'Etat marocain, qui éprouve ces dernières années les pires difficultés à trouver un équilibre avec la hausse démentielle des hydrocarbures dans les marchés mondiaux. Malgré cela, le souverain alaouite persiste dans sa politique expansionniste, qui grève sérieusement le budget, au risque de provoquer une crise sociale. Reste à savoir jusqu'où Mohammed VI ira et, surtout, comment il compte financer l'effort de guerre à l'avenir avec le déficit budgétaire croissant d'année en année ? Ceci étant, l'union locale des syndicats d'Errachidia, affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT), a annoncé l'organisation d'une marche de protestation contre la hausse des prix des produits alimentaires et la dégradation des services sociaux et publics, pour le 16 mars prochain, a indiqué hier un communiqué du syndicat. Selon le communiqué, cette marche constitue “une réponse à la politique de l'état de paupérisation des masses populaires et ses effets entraînant la pauvreté, le chômage, l'ignorance et les maladies au sein des différentes couches sociales”. Le syndicat appelle les citoyens à protester également contre “le niveau honteusement bas des salaires et la remise en cause de l'accès gratuit à l'enseignement et aux soins sanitaires”. Pour rappel, à la fin du mois de janvier passé, la coordination de Casablanca de lutte contre la cherté de la vie a annoncé une marche nationale de protestation pour le 23 mars courant. K. ABDELKAMEL