Cinéma amazigh, archives télé et cinéma sur la guerre de Libération nationale, que ce soit du côté algérien ou français, notamment, ont fait l'objet de plusieurs communications. C'est parce que l'image constitue aussi un patrimoine important, a fortiori l'image de fiction et documentaire, qu'il convient de la préserver de l'oubli. De la sauvegarder et dans de bonnes conditions... Aussi, le cinéma, l'audiovisuel et la culture amazighe, la reconstitution historique dans l'oeuvre de fiction, ses exigences et les moyens logistiques qu'elle sollicite, le point de vue de la recherche scientifique sur le rapport cinéma et patrimoine, le travail de la critique cinématographique, sur la mémoire et l'identité, toutes ces questions et d'autres ont été débattues lundi dernier, à la salle Frantz-Fanon, en marge de la tenue du panorama du cinéma qui se tient actuellement et ce, jusqu'au 27 mars, à Riadh El Feth. Organisée par l'Association nationale des producteurs audiovisuels (AVA) que préside Boualem Aïssaoui, cette rencontre, placée sous le thème du «cinéma et patrimoine», a eu à répondre à moult interrogations des plus importantes, à savoir: a-t-on les moyens de sa politique en matière de récupération des archives du cinéma algérien? Peut-on envisager un retour massif et à bref délai des négatifs des films algériens traités dans des laboratoires étrangers avec l'espoir qu'ils n'ont changé, depuis, ni de nationalité ni de propriétaires? Y a-t-il une école du film documentaire en Algérie, des documentaristes de métier? A l'heure où les archives de la Télévision sont à la une de l'actualité, comment se construisent les films documentaires qui font appel à ces matériaux? Quelle place pour la lutte de Libération nationale dans le cinéma algérien, y a-t-il un regain d'intérêt et de quel côté? Ce dernier sujet a été traité par Salim Aggar qui analysera le rapport entre l'histoire et les films de guerre, que ce soit en Algérie ou en France, dénombrant plus de 250 films traitant de «la guerre d'Algérie», côté français, et 150 films du côté algérien sur la lutte de Libération nationale. Il soulignera les noms de Chandarli, René Vautier et Pierre Clément notamment, dont le nom est intiment lié à notre histoire et cinéma de combat. Il n'omettra pas de citer les problèmes de censure qui ont marqué cette guerre. «Surtout depuis qu'on parle de torture, les Français ont compris que c'est un sujet important, qui suscite beaucoup de remous. Ce sont plus les cinéastes français qui revisitent cette histoire...» Salim Aggar regrette que nos jeunes aujourd'hui ne s'intéressent pas à leur histoire car «nous ne leur avons pas inculqué cette passion pour l'image...» S'agissant des archives de notre guerre de Libération et autres, M.Fateh Ali Ayadi dira qu'une partie d'entre elles se trouvent à la Télévision algérienne et une autre en Yougoslavie, dont beaucoup de bobines aujourd'hui sont perdues. Il sera aussi question des archives audiovisuelles et de la nécessité de leur rapatriement, notamment de la Bulgarie, de la Chine, de l'ex-RDA et la nécessité de les préserver. Nous apprendrons aussi qu'une partie des archives de l'actualité se trouve en France. M.Ayadi relèvera, par ailleurs, un autre épineux problème, celui de la non-classification des archives à la télé, lesquelles ne sont ni répertoriées ni classées par date et lieu. «On utilise faussement certaines images, ce qui est très grave», estimera-t-il. Et de reprendre: «Il faut reconnaître que l'Entv a déployé beaucoup d'efforts pour la sauvegarde de ces images qui sont aujourd'hui numérisées, mais il reste beaucoup à faire, dont l'indispensable répertoire...». De son côté, M.Hallal, réalisateur et ancien de l'Enpa dira que les archives existent bel et bien mais «il faut vraiment avoir les moyens pour se les payer! Il faut aussi les digitaliser. N'oublions pas non plus que l'histoire est sélective», argue-t-il, compte tenu de l'absence de liberté de manoeuvre ou de dispositions pour acquérir certaines images qui sont tout simplement introuvables car jamais tournées... Toujours à propos du manque d'images, Salim Aggar fera remarquer, à juste titre, l'existence, aujourd'hui, du docu-fiction qui sert à reconstituer les faits. «Ce qui reste, ce sont les témoins qui sont, eux, le plus important.» D'autres interventions ont émaillé aussi cette rencontre fort intéressante. On peut citer notamment celle de Si El Hachemi Assad qui traita du cinéma et de la réhabilitation de la culture amazighe, de M.Abdelkrim Aït Oumeziane, quant à lui, a insisté sur le rôle du Cnca dans la sauvegarde du patrimoine cinématographique, et de M.Slimane Hachi qui évoquera pour sa part, l'intérêt de la recherche scientifique, en ce qui concerne le cinéma et le patrimoine.