Le royaume marocain veut entraîner l'Algérie dans le conflit sahraoui pourtant pris en charge par l'ONU. Le Maroc a exprimé hier son regret de voir l'Algérie camper sur ses positions et refuser de s'engager dans un dialogue franc pour la normalisation des relations bilatérales. Cette position a été exprimée par le ministre des Affaires étrangères M.Taïeb Fassi Fihri devant la commission de la défense nationale à la Chambre des représentants. La longue intervention du représentant du gouvernement marocain, a démontré que «l'offre de dialogue» lancée jeudi dernier par Rabat était loin d'être sincère. Preuve en est, Fassi a fait savoir que son pays n'est pas prêt à faire de concessions sur la question du Sahara occidental. Aux Sahraouis, le Royaume chérifien propose «l'autonomie rien que l'autonomie», pour désamorcer le conflit. «Le Maroc oeuvrera à consolider les acquis et ne renoncera pas à une seule portion de son territoire», a-t-il indiqué. Paradoxalement, ce pays se dit prêt à s'engager sérieusement dans le 5e round des négociations dont la date n'est pas encore fixée. Un énième round voué déjà à l'échec au vu de l'entêtement marocain. Par ailleurs, Fassi reproche à l'Algérie de n'avoir pas répondu aux nombreux appels au dialogue lancés par le Maroc, sans toutefois, fournir aucune justification sur cette position. Le Royaume dit attendre qu'Alger fasse preuve de bonne foi et de volonté politique. Il a rappelé que le Maroc avait déjà pris des initiatives similaires dans ce sens, citant notamment la décision du Maroc d'annuler le visa d'entrée pour les Algériens. Mais bien évidemment, Fassi ne revient pas sur les circonstances qui ont amené son pays à instaurer le visa. En somme, il appelle l'Algérie à tourner, sans contrepartie, une page noire qu'il a lui-même ouvert, rendant notre pays comme responsable du gel de l'UMA. D'autre part, Fassi s'est targué du soutien porté par la communauté internationale à son projet d'autonomie, ce qui est en décalage avec la réalité. Hier, le rapport annuel des droits de l'Homme publié par le Foreign Office affirme que «le Royaume-Uni appuie les efforts des Nations unies en vue d'une résolution du conflit du Sahara occidental», tout en rappelant l'engagement du Conseil de sécurité à aider les deux parties au conflit à trouver une solution juste qui garantisse l'autodétermination du peuple sahraoui. «Le statut du Sahara occidental n'est pas encore clarifié en attendant que les Nations unies y trouvent une solution définitive», relève le rapport en expliquant que la souveraineté sur le territoire est disputée entre le Front Polisario et le Maroc qui «occupe la plus grande partie» du Sahara occidental. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, M.Sergueï Lavrov, a réaffirmé la nécessité de l'application des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU pour le règlement du conflit au Sahara occidental opposant le Front Polisario et le Royaume du Maroc. Au cours des entretiens mardi à Moscou avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, M.Peter Van Walsum, il a souligné qu'une «attention particulière a été accordée à l'application des résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité sur la base desquelles quatre rounds de négociations avaient eu lieu entre le Maroc et le Front Polisario à Manhasset aux Etats-Unis», indique un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. La partie russe a réitéré sa «position de principe» qui consiste à trouver une solution politique sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU (...), poursuit le communiqué. Il a été également souligné que «le principe d'une solution mutuellement acceptée par les parties au conflit constitue une des garanties importantes pour un règlement durable» du problème, ajoute le communiqué. Pour sa part, le représentant du Front Polisario en Russie, le Dr Ali Salem Mohamed Fadel, qui s'est félicité de la position «constante» de la Russie, a indiqué hier à l'APS qu'il s'agit là d'une «réaffirmation de l'attachement de ce pays à la légalité internationale». «C'est une position de principe qui place les questions cruciales dans leur véritable contexte et le Front Polisario ne peut que s'en féliciter», a-t-il souligné.