Toute une famille a été décimée et ce, dix jours après le massacre d'une autre à Aïn Defla. Sept personnes ont été assassinées par balle et trois autres blessées par un groupe armé dans la nuit de vendredi à samedi, à 23h dans un camp de sinistrés des dernières intempéries à l'ouest de la ville de Sidi Okacha. Cette dernière est située sur la RN 19 reliant la ville côtière de Ténès au chef-lieu de la wilaya de Chlef (160 km à l'ouest d'Alger). Les victimes, surprises dans leur sommeil par des hommes armés, appartiennent toutes à la famille d'un garde communal. Il s'agit de la famille Chaïbi dont le père, Mohamed, garde communal, était absent du domicile familiale étant sur les lieux de son travail cette nuit-là. Les tueurs n'ont laissé aucune issue de secours à sa femme, El Alia (37 ans) et à ses enfants, Abdelkrim, (13), Mohamed (12), Souhila, (10), Farouk, (7) et Amar qui ne dépassait pas les 8 mois. Un invité des Chaïbi, Cherfaoui Mohamed, 19 ans, compte aussi parmi les victimes de cette attaque. N'ont échappé à ce massacre que le grand-père, sa femme et un autre membre de la famille qui ont été blessés. Les services de sécurité n'ont été alertés que par les cris et les appels au secours des sept autres familles occupant le camp des sinistrés. Le 10 avril dernier, sept personnes ont été assassinées près de Aïn Defla, à l'est de Chlef. Un premier groupe armé a attaqué la maison d'une famille dans le hameau de Lahmama à une quarantaine de kilomètres à l'est d'Aïn Defla, dans un secteur boisé et escarpé, égorgeant le père, la mère et trois de leurs enfants. Deux gardes communaux ont été tués quelques heures plus tard, dans la même région à Djelida également par un groupe armé qui avait tendu une embuscade. Depuis le début de l'année, pas moins de 400 personnes ont été tuées dans des massacres, faux barrages et attentats à la bombe en Algérie selon des décomptes recoupés. Cette recrudescence des opérations armées clandestines à l'Ouest «coïncide», si l'on peut dire, avec un nouvel épisode des attentats à l'explosif ciblant Alger. Ce qui ressemble à une campagne de terreur entre-coupée de halte participe d'un schéma reconduit depuis l'été dernier visant à mettre la capitale et la région côtière ouest à une insoutenable pression, alors que le reste du pays plongeait dans une série d'émeutes populaires et de «jacqueries» savamment entretenues. Les groupes terroristes, qui ont initié une véritable mue de leur action, tentent de «remplir» les poches « pacifiées » par les ratissages et le maintien des GLD. Activant, à l'Ouest, autour du massif des Ouarsenis, ces commandos itinérants frappent alternativement en suivant la boucle Médéa-Aïn Defla-Chlef-Relizane-Mascara-Sidi Bel Abbes-Saïda-Tiaret-Tissemsilt. Les attentats se suivent et se ressemblent: familles ciblées, opérations de nuit, repli rapide vers les massifs boisés ou montagneux et autres caches. La mobilité reste la caractéristique partagée par les poseurs de bombes à Alger et ces groupes activant à l'Ouest. L'alternance, sinon le synchronisme respecté entre ces deux entités renseigne sur les liens de complémentarité entre eux. Sommes-nous en face d'un véritable plan ? Les services de sécurité sont en train de combattre non plus des organisations criminelles, mais une sorte de logique implacable dont les agents (planificateurs, recruteurs et exécuteurs) s'évertuent à calquer leur mutation sur l'évolution des donnes politiques. Les centres de décision occultes et les vases communicants les liant ne sont pas étrangers à ces tactiques.