L'impact des changements climatiques sera plus important dans les pays pauvres, ceux-là mêmes qui ont le moins contribué à cette crise. L'Algérie est gravement menacée par les changements climatiques. Mais point de débats sur la question. C'est l'inertie totale qui s'apparente à de l'inconscience face à un danger imminent qui frappe à nos portes. Dans ce désert de communications et de débats, une oasis de réflexion et d'échanges apparaît. Des spécialistes, évoluant dans le monde de l'énergie et de l'environnement, se rencontreront mardi 15 avril à Alger pour débattre du thème «Les changements climatiques: comment y faire face?» Ce séminaire organisé par le Professeur Chems Eddine Chitour, aura à se pencher sur la problématique concernant les pays de la Méditerranée, en particulier l'Algérie. La région méditerranéenne sera «la plus affectée», c'est ce qu'a déclaré, lundi au Caire, le directeur régional de l'OMS pour l'est de la Méditerranée, Hocine El Djazaïri. Citant le rapport du groupe de travail intergouvernemental en charge du problème des changements climatiques, il dira que la région sera confrontée à «une pénurie d'eau jamais enregistrée auparavant, une menace grave pour la sécurité hydrique des populations et de la production alimentaire». Ces prévisions interpellent l'Algérie qui est fortement menacée. El Djazaïri a rappelé que les maladies liées directement au climat (diarrhée, malaria...), et la sous-alimentation tuent plus de 3 millions de personnes dans le monde. Il a appelé les gouvernements à placer «la santé de l'homme au centre de leurs politiques concernant le phénomène des changements climatiques.» Le secrétaire général des Nations unies, M.Ban Ki-moon avait, de son côté, mis en garde contre les effets néfastes des changements climatiques sur la santé (...), phénomène qui «menace la qualité et la disponibilité de l'eau et des produits alimentaires». L'impact des changements climatiques sera plus important dans les pays pauvres, ceux-là mêmes qui ont le moins contribué à cette crise mondiale. Certains pays africains souffriront d'une baisse de la moitié de leurs ressources en eau à l'horizon 2020. Lundi dernier, professeurs et experts de la santé ont déjà débattu, à Alger, de la problématique des influences négatives des changements climatiques sur la santé. Ainsi, une journée d'étude a été organisée à Alger à l'occasion de la Journée mondiale de la santé. L'Algérie a été l'un des premiers pays à avoir ratifié la convention-cadre des Nations unies. Kamel Djemaoui, sous-directeur du Plan national de la convention sur le changement climatique et protocole de Kyoto, a averti que «notre pays demeure très vulnérable aux changements climatiques». Les raisons en sont «l'aridité de son sol, la fragilité de ses ressources naturelles ainsi que sa dépendance économique vis-à-vis des hydrocarbures». Prônant une meilleure prise en charge de l'ensemble des facteurs engendrant les maladies causées par le phénomène des changements climatiques, Mme Nadir Djamila, du ministère de la Santé, a informé l'assistance sur «l'impact du réchauffement sur l'environnement immédiat de l'homme et de sa santé.» Elle a cité «les risques cardiovasculaires, les accidents cérébraux et le cancer cutané». Le Pr Ismaïl Benkaïdali, chef de service dermatologie au CHU Mustapha Bacha (Alger), a prévenu contre l'accroissement de pathologies «si la couche d'ozone s'amincissait encore». Le nombre de personnes victimes de cette pathologie peut augmenter à l'avenir, prévient-il. La cause? Les rayons ultraviolets, principal facteur favorisant cette pathologie, qui arrive à transpercer une couche d'ozone de plus en plus mince. Les effets sont déjà là. 370 cas de génodermatose, 28 cas de sclérose tubéreuse ont été enregistrés en 2003 en Algérie. Selon les estimations de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), le réchauffement de la planète «a causé en 2000, plus de 150.000 décès», et cette tendance s'amplifie avec les victimes de cyclones, tornades, feux de forêts, déplacements de populations...De son côté, le Dr Harrat Zoubir, de l'Institut Pasteur d'Algérie, a révélé que plusieurs foyers actifs émanent du «paludisme d'importation». Il précisera que l'apparition de cas de paludisme à Ouargla semble être liée à «la fluctuation du niveau de la nappe phréatique.»