Quels sont les mobiles de ce crime? Qui en sont les auteurs? Combien étaient-ils? Deux adolescents, âgés de seize et dix-sept ans ont été tués par balles, tirées à bout portant, avant-hier, tard dans la soirée près de l'ex-gare routière, adjacente à la rue Hassiba Benbouali en plein centre d'Alger. Les deux jeunes, Walid et Adel, veillaient dans le square qui a été baptisé «Place de la Liberté», en compagnie d'un troisième ami, Amine, appelé «Minou». Celui-ci décide en dernière minute de les quitter. Il ne les reverra plus vivants. Aussitôt après son départ, des hommes se plantent devant les deux amis. Ils sont tués à bout portant, l'un d'une balle dans la tête, l'autre dans le cou. Personne aux alentours n'a entendu le moindre coup de feu. Ce qui induit que les tireurs ont procédé à cet assassinat munis de pistolets silencieux. Quels sont les mobiles de cet assassinat? Qui en sont les auteurs? Combien étaient-ils? Etait-ce un assassinat ciblé ou sommes-nous devant une volonté manifeste de créer un climat de tension dans la capitale? Pourquoi ces adolescents anonymes? Autant de questions qui restent en suspens, mais qui déjà attisent les passions et exaspèrent les jeunes du quartier. Déjà les jeunes du Télemly et de Hassiba parlent d'organiser une marche de protestation aujourd'hui-même. La photo d'Adel et de Walid a fait le tour d'Alger. Combien ont-ils été assassinés, et si sauvagement, en plein centre d'Alger? Le jeune Walid était chômeur et habitait dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha. «Son père est l'un des responsables de l'hôpital», disent les riverains de la rue Hassiba. Quant à Adel, c'était un grand garçon de dix-sept ans qui fréquentait encore le lycée. A première vue, des enfants comme les autres, sans histoires. Hier encore, enfin d'après-midi, les informations sur cet assassinat, aussi odieux que bizarre, filtraient au compte-gouttes. Les corps des victimes ont été emmenés à la morgue d'El-Alia aux fins d'être autopsiés et les radotages ainsi que les on-dit ont vite fait le tour de la place d'Alger. Cet attentat intervient dans un contexte où la capitale connaît un regain de violence. Les attentats à la bombe ont atteint un seuil vraiment inquiétant, et si cet attentat est à créditer au terrorisme islamiste (option très peu probable), il faudrait alors convenir que les choses sont passées à une étape supérieure dans le crime et ont pris des tournures carrément dangereuses. Le lieu de l'attentat (rue Hassiba), la méthode utilisée (tirs à bout portant, pistolets automatiques munis de silencieux, etc.) l'efficacité et la rapidité de l'action (personne dans les alentours n'a vu ni entendu quoi que ce soit) renseignent sur les nouvelles forces du crime. Terroriste ou de dissuasion. C'est inquiétant, réellement très inquiétant !