L'enquête suit son cours et les autorités ont lancé un appel à témoins. Hier, l'enterrement des deux adolescents, Adel et Walid, assassinés par balle, dimanche soir près de l'ex-gare routière d'Alger, a été l'occasion pour des centaines de jeunes, amis et voisins des deux victimes, de se rassembler pour rendre un dernier hommage. Après la prière du dhor à la mosquée El Houda du 1er-Mai, une impressionnante procession s'est ébranlée vers le cimetière d'El-Alia. Devant le nombre important des jeunes, la police, présente en force, a décidé de réquisitionner les bus de la station de Belcourt ainsi que des véhicules de la RSTA pour permettre à tous les présents de participer à cet ultime adieu. Tout était près pour un déroulement calme de cette marche funèbre, mais des jeunes excédés ont saccagé un des bus au retour d'El-Alia au niveau de la gare routière du Caroubier, le chauffeur ayant refusé d'aller plus loin et leur avait enjoint descendre. La réaction a été violente. Des policiers ont procédé à des arrestations, «presque une centaine», avance-t-on. A 17 h 35, le commissaire Ahmed Boussouf ordonne la libération de ces jeunes sous les remerciements de leurs copains. Cette dernière scène s'est déroulée à la rue Hassiba-Ben-Bouali, devant le domicile de Walid, au numéro 68. Des jeunes étaient encore regroupés ici et là et les éléments du dispositif de sécurité tentaient de les «ménager». Une vieille ort de l'immeuble 68 soutenue par un vieil homme. Pas traînant et yeux rougis par les larmes. La douleur de la perte dans toute sa nudité. Regards compatissants des «ouled el houma». Des rumeurs montent d'un peu partout et se propagent à la vitesse des indiscrétions: entre autres «Il y aurait une troisième victime.» Approché, le commissaire Boussouf a déclaré que l'enquête suit son cour et que les autorités ont lancé un appel à témoins. Selon ses dires, la thèse des coups de feu tirés à bout pourtant et l'utilisation du silencieux tient la route. Beaucoup s'attendaient à une émeute, à l'éclatement de la colère des jeunes...Mais il semble que la douleur de la perte a été plus forte et que la dignité l'a amplement emporté.