Connue pour ses «roses» , la ville pèche néanmoins par ses aspects négatifs et leurs corollaires. Le foisonnement d'un tel phénomène est rendu possible par le vide juridique et structurel, encouragé en cela par le développement, socio-économique désordonné. De même qu'il est encouragé par d'autres facteurs liés, en particulier, aux séquelles du terrorisme. Il y a trois formes de prostitution dans la région de Blida: celle des gens aisés, des classes moyennes et des mal classés. Cette dernière est la plus répandue et la plus dangereuse sur le plan des moeurs et de la santé. Situé en plein centre de Blida, à quelques mètres seulement d'un commissariat de police et non loin aussi des sièges de l'APC et de la Direction de l'action sociale qui semblent se désintéresser du social le quartier dit «Rue Maillot» est investi par des dizaines de prostituées et de travestis qui agissent manifestement de jour comme de nuit. Ces jeunes , dont l'age oscille entre 15 et 36 ans, n'ont d'atouts dans cette société à la dérive, que leurs «charmes» à vendre dans ce marché terrifiant et impitoyable du sexe et de l'argent. Incultes ou exclues sans doute du système éducatif, sans qualification professionnelle et sans ressources, le plus souvent avec un enfant à charge qu'un père ingrat a abandonné à une société sans âme et sans scrupules, le regard triste et détaché, exilées de l'épanouissement et vivant la honte d'une dignité perdue, elles sont là à marchander leur corps. Des garçons mal habillés et débroussaillés, et dont l'âge ne dépasse pas les 14 ans, rôdent tout autour. «Ils servent d'intermédiaires», indique le commerçant du coin, visiblement impuissant et gêné par ce commerce particulier qui se déroule sous ses yeux, en martelant ‘‘où sont les responsables de la solidarité sociale, les associations de bienfaisance et les agents de la sécurité''. C'est un véritable commerce où cha rouve son dû. Les proxénètes attirés par ce commerce florissant, font la chasse aux jeunes mineures par l'intermédiaire de filles recyclées et spécialisées dans le domaine de la séduction. Ces dernières, une fois introduites dans le système, ne peuvent plus se retirer. Les récalcitrantes sont soumises à des supplices et des menaces. D'ailleurs, l'une d'elles, qui a voulu fuir ce monde, s'est retrouvée en prison parce que ne sachant pas se défendre contre son «patron» qui l'a accusée d'un acte qu'elle n'avait pas commis. La vie dans ce quartier devient insupportable pour les riverains agressés chaque nuit. Ils assistent, malgré eux, à des spectacles désolants: des bagarres à coups de couteau et de bouteilles de vin cassées entre les groupes rivaux. Dernièrement, un crime a été commis dans ce même lieu quand un jeune homme a été poignardé par des prostituées en furie. Ce phénomène de prostitution sauvage échappe, malheureusement, à tout contrôle sanitaire, ouvrant ainsi la voie à tous les fléaux sociaux. Aucune autorité ne s'inquiète de ce fléau qui avance sournoisement, mais qui est redoutable. Quels intérêts se cachent derrière cette passivité, ce silence parlant et complice? Malheureusement, ce quartier n'est pas le seul au sein de la ville de Blida, une dizaine de maisons closes clandestines «travaillant laborieusement» sont dirigées par des patronnes connues. Le plus souvent, elles achètent un appartement qu'elles transforment en espaces de débauche, de beuveries et de rencontres «hard», en toute impunité. Les plus connues sont situées à Zenkat-el-Cadi, à la cité Bab Edjzaïr, Zenkat-Esseta, Zenkat-el-Ouasfanes, Zenkat-Essouk et dans certaines cités nouvelles de Ouled Yaïch. La prostitution pullule aussi dans certains hôtels, notamment classés, en attirant des personnes esseulées, des cadres en mal d'aventures et des commerçants et autres hommes d'affaires à l'escarcelle remplie. Gros commerçants, maquignons venant des riches plaines de Aïn Defla ou des Hauts-Plateaux, chercher auprès des «belles de nuit», le bonheur éphémère, en y dépensant des sommes effarantes. Elle est également apparente dans les jardins publics et les lieux retirés. Les prostituées ne sont pas tant à condamner que l'ensemble de la société qui n'assume guère ses responsabilités. A quoi servent les organisations, les associations qui reçoivent des subventions pour ne rien faire devant les problèmes sociaux? Où est la prise en charge de ces hormis la répression? «Cette complicité entre pouvoirs publics qui restent indifférents à l'appel de détresse des citoyens et des victimes de la prostitution et de la débauche, comme l'a déclaré par ailleurs un agent des services de sécurité qui a voulu garder l'anonymat, a une explication». «Lorsqu'on a voulu débarrasser, dit-il, certains endroits publics sur la côte fréquentés par des familles, au lieu d'être aidés, nous étions surpris par une attaque médiatique en règle par une certaine presse prétextant la sacro-sainte liberté». Est-ce un prétexte pour ne rien faire et laisser pourrir davantage?