Malgré les critiques américaines et israéliennes, Jimmy Carter a maintenu son rendez-vous avec le leader de Hamas, Khaled Mechaâl. L'ex-président américain Jimmy Carter était attendu hier à Damas où il doit rencontrer le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaâl, malgré les vives critiques des Etats-Unis et d'Israël qui accusent le mouvement palestinien de terrorisme. Selon un responsable du Hamas, M.Carter, s'entretiendra avec M.Mechaâl après une rencontre avec le président syrien Bachar Al-Assad dont le pays a des relations tendues avec les Etats-Unis. M.Carter, qui effectue une tournée régionale dans l'optique de soutenir les efforts de paix, arrivera du Caire où il a rencontré jeudi deux dirigeants du Hamas, Mahmoud Zahar et Saïd Siam, venus de la bande de Ghaza contrôlée depuis juin 2007 par ce mouvement. Le puissant mouvement armé ne reconnaît pas l'existence de l'Etat hébreu, prône la ´´résistance armée´´ pour libérer les territoires occupés et a revendiqué des attentats meurtriers anti-israéliens. Les Etats-Unis et Israël ont critiqué d'avance les entretiens de M.Carter avec M.Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas basé dans la capitale syrienne. La chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice avait déclaré il y a quelques jours ne pas voir leur intérêt, qualifiant le Hamas de ´´principal obstacle à la paix´´, alors que la Maison-Blanche a dit que l'ex-président américain agissait à titre personnel. Pour un haut responsable du ministère israélien de la Défense Amos Gilad, ´´une telle rencontre serait d'autant plus honteuse que Jimmy Carter incarne la paix´´.Mais dès le début de son voyage régional dimanche en Israël, M.Carter, prix Nobel de la paix en 2002 et artisan du traité de paix égypto-israélien en 1979, a tenu à défendre son projet, affirmant ne pas agir en médiateur et prônant le dialogue avec le Hamas. ´´Il est très important que quelqu'un rencontre les dirigeants du Hamas pour exprimer ses vues, pour jauger s'ils peuvent faire preuve de souplesse, pour tenter de les convaincre de cesser toute attaque contre des civils innocents en Israël et de coopérer avec le Fatah en tant que groupe qui unit les Palestiniens´´, avait-il déclaré au début de sa tournée. Le Hamas s'est réjoui de la rencontre. Elle ´´sera l'occasion pour le Hamas de clarifier ses positions et permettra de briser la politique d'isolement imposée par les Etats-Unis, Israël et d'autres parties, au Hamas´´, selon un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri. L'ancien président américain a également prôné l'ouverture d'un dialogue avec la Syrie, jugeant difficile de conclure une paix dans la région sans elle. ´´Jimmy Carter est un homme politique chevronné et raisonnable. Il trouvera à Damas toute la disposition pour réaliser la paix au Proche-Orient´´, s'est félicité le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir à Damas. M.Carter ´´se souviendra de sa rencontre en 1977 à Genève avec l'ancien président syrien Hafez al-Assad au cours de laquelle les deux hommes avaient convenu de trouver un règlement pacifique au conflit israélo-arabe´´, a écrit le journal. Depuis 2003, les relations syro-américaines sont au plus bas. Les Etats-Unis, qui accusent la Syrie de vouloir déstabiliser ses voisins libanais et irakien, ont imposé en 2004 des sanctions à Damas, qui ont été étendues en 2006 contre certains individus. Les Etats-Unis cherchent à isoler la Syrie qu'ils accusent de bloquer les efforts de paix dans la région en soutenant les groupes radicaux palestiniens comme le Hamas. Après la Syrie, M.Carter doit se rendre en Jordanie et en Arabie Saoudite.