Des gens de mauvaise foi profitent de cette conjoncture pour vendre des produits alimentaires qui n'ont pas subi de contrôle, faisant fi de la santé publique. Scandale! Le feuilleton des produits avariés destinés à la consommation n'en finit pas. Après celui de la pomme de terre, un autre épisode secoue le département de l'agriculture. Des produits alimentaires sont livrés à la consommation sans certificat de salubrité. «...Les citoyens consommaient différentes denrées alimentaires sans certificats de vétérinaires. Les universités, les cantines et différentes institutions de l'Etat se faisaient fournir des marchandises alimentaires sans certificats de salubrité visés par les vétérinaires», note un communiqué du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique(Snvfap), transmis à la rédaction. Le syndicat précise que plusieurs produits sont consommés, sans même subir des contrôles nécessaires pour valider leur commercialisation. Cette situation concerne aussi bien la production nationale que la marchandise importée. Pour la production nationale, les points de vente de différents produits de denrées animales et d'origine animale, commercialisent la marchandise sans aucun document certifiant qu'elle répond aux normes sanitaires. Contacté par téléphone, le Dr Kaddour Hachemi, secrétaire général du syndicat, explique que «les vétérinaires ne fournissent aucun certificat de salubrité ni aucun autre document conforme aux marchands de produits d'origine animale». Toutefois, la même source précise que les vétérinaires contrôlent quelques produits de ce genre. «Nous avons contrôlé quelques produits. Nous sommes présents et nous faisons notre travail. Mais nous ne délivrons aucun certificat de conformité. Cette situation ouvre les portes aux marchands pour vendre toutes sortes de produits non contrôlés», indique le Dr Hachemi. Ce qui laisse entendre que plusieurs produits tels le fromage, le yaourt, le poulet, la viande, etc., sont consommés sans avoir été au préalable contrôlés. A propos des produits importés, le même interlocuteur précise: «Des gens de mauvaise foi profitent de cette conjoncture pour vendre des produits alimentaires qui n'ont pas subi de contrôle.» Plus précis, le Dr Hachemi dévoile que de la viande et le poisson congelés, et d'autres produits importés sont consommés sans avoir eu l'aval des services compétents. Les vétérinaires n'engagent plus leur signature ni leur griffe personnelle sur les produits alimentaires. Cette décision a été prise après que les pouvoirs publics leur aient retiré cette prérogative. Désormais, les médecins vétérinaires sont considérés comme des partenaires administratifs, «ingénieurs à titre symbolique». S'agissant des produits exportés, le même communiqué annonce que «5 tonnes de produits de mer (poissons, crustacés) et plus de 5 tonnes d'escargots destinés à l'exportation pourrissaient à El Tarf, Ghazaouet et Mila, parce que les autorités de l' autre rive de la Méditerranée n'acceptent pas des produits sans les certificats de vétérinaires». Ces mêmes cas sont constatés au niveau des ports d'Algérie. Le Dr Hachemi révèle par ailleurs, que «les services des Douanes refusent de livrer des centaines de tonnes de marchandises importées sans le feu vert des vétérinaires». A ce titre, environ 450 containers de ces produits alimentaires «sont bloqués au niveau de nos ports». A titre d'exemple, une cinquantaine de containers de viande congelée sont «saisis» au niveau des ports d'Alger, Skikda, Ghazaouet (Tlemcen), Annaba et Béjaïa. Tandis que 300 containers de lait en poudre sont bloqués dans les ports évoqués. Le Syndicat des vétérinaires donne quelques détails sur les produits bloqués au niveau du de ces ports. A Alger, 152 tonnes de lait entier, 52,624 tonnes de fromage, 20,8 tonnes de lait, écrémé sont en stand-by. A Annaba, 2856 tonnes de lait (poudre) et 76 tonnes de viande congelée sont en attente d'une issue. Les rédacteurs du même communiqué s'étonnent et soulignent que «le Snvfap trouve étrange que les protecteurs de la santé des citoyens réagissent au même moment que l'Association nationale des importateurs alors que le manque de différents produits alimentaires de base commence à se faire sentir». Cette sortie du syndicat intervient au moment où le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a notifié aux 48 walis de procéder à la réquisition des médecins vétérinaires protestataires. Aussi, les vétérinaires affiliés au Snvfap tiennent à dénoncer «cette méthode de pression de l'administration qui n'a pas trouvé d'autre moyen que de recourir à cette forme de répression...». Ces derniers précisent toutefois: «Nous ne sommes pas en grève, mais nous menons un mouvement de protestation.»