Un nouveau camouflet pour les enquêteurs américains et un coup de filet de la police hollandaise. Un tribunal londonien a rejeté hier une demande d'extradition vers les Etats-Unis du pilote algérien, Lotfi Raïssi, soupçonné de complicité dans les attentats du 11 septembre. Arrêté et placé en détention le 21 septembre dernier, M.Raïssi avait déjà été libéré sous caution le 15 février par un juge britannique. Celui-ci avait estimé que les charges retenues contre le pilote, âgé de 27 ans, étaient insuffisantes pour justifier son maintien en prison. «Plusieurs allégations concernant des activités terroristes ont été faites, mais je dois affirmer clairement que je n'ai reçu aucune preuve pour soutenir ces affirmations», a confirmé hier un juge du tribunal de Bow Street à Londres. Les autorités américaines soupçonnent le pilote algérien d'avoir entraîné au moins un des pirates de l'air du 11 septembre, celui dont l'avion s'est écrasé sur le Pentagone. Elles ont ensuite reconnu ne disposer d'aucune preuve en ce sens. Le FBI continuait toutefois de demander son extradition pour avoir passé sous silence une ancienne condamnation pour vol en 1993 au Royaume-Uni et une opération au genou, deux choses qui auraient dû l'empêcher d'obtenir un brevet de pilote aux Etats-Unis. Le refus par la justice britannique d'extrader Raïssi vers les Etats-Unis constitue un nouveau camouflet pour les enquêteurs américains chargés de remonter le réseau de complicités des auteurs des attentats du 11 septembre. L'avocat représentant le gouvernement américain, James Lewis, a néanmoins prévenu que le pilote algérien «continuerait d'être visé par des enquêtes en cours sur les personnes liées aux attentats du 11 septembre». Lotfi Raïssi n'a cessé de nier tout lien avec une organisation terroriste depuis son arrestation. Son épouse française, Sonia, avait mené, avec le reste de sa famille, une campagne sans relâche pour obtenir sa libération. A l'issue de l'audience hier après-midi, l'avocat de M.Raïssi, Richard Egan, a lu une déclaration au nom de son client. «M.Raïssi a été détenu pendant cinq mois sur la base d'allégations complètement infondées avant d'être libéré sous caution», a déclaré Me Egan qui a ajouté: «En plus de cela, lui-même et sa famille ont dû supporter que le doigt du soupçon soit pointé dans leur direction. On pourrait à tout le moins espérer des excuses.» «Il est temps que cette triste farce se termine, il est temps que son innocence totale soit reconnue», a conclu l'avocat. Par ailleurs, plusieurs membres présumés d'un Groupe islamiste armé algérien, le groupe salafiste pour la prédication et le combat, a annoncé le parquet de Rotterdam (Sud-Ouest) en Hollande dans un communiqué, «dans le cadre d'une enquête sur une organisation islamiste extrémiste, 10 personnes ont été arrêtées ce matin. Quatre ont été incarcérées et sont soupçonnées d'appartenir au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc)», précise le communiqué. Le Gspc «est connu pour avoir perpétré des attaques terroristes en Algérie et hors de l'Algérie», poursuit le parquet. Les quatre suspects incarcérés sont de nationalité algérienne et ont été interpellés dans les villes d'Eindhoven, Bergen op Zoom et Groningen. «Les suspects étaient vraisemblablement chargés du soutien logistique au jihad international. Selon la justice, les suspects fournissaient vraisemblablement de faux papiers d'identité et de l'argent aux autres membres de l'organisation. Nous avons trouvé plusieurs faux passeports lors des perquisitions effectuées ce matin», a déclaré un porte-parole du parquet, Wim de Bruin.