Ce dernier considère que le verdict est injuste, et qu'il est encore imprégné des «effets contraignants de la politique antiterroriste» du gouvernement Blair. Un tribunal britannique a refusé de dédommager le pilote algérien Lotfi Raïssi, qui avait été emprisonné pendant plusieurs mois, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, sur instigation de la police fédérale américaine. Celle-ci, au lendemain des attaques du 11 septembre avait soupçonné, puis accusé le jeune pilote algérien, qui se trouvait alors dans la capitale britannique, d'avoir entraîné certains des pilotes, auteurs des attentats suicide du 11 septembre 2001. Selon des sources proches de la famille du pilote algérien, on apprend aussi que celui-ci, qui considère que le verdict est injuste, et qu'il est encore imprégné des «effets contraignants de la politique antiterroriste» du gouvernement Blair, fera appel devant la Haute cour londonienne, «et poursuivra en procès ceux qui ont, définitivement, détruit son avenir, jusqu'à ce qu'il obtienne réparation». Des magistrats britanniques estiment que le «cas» Raïssi, est un cas type des répercussions néfastes d'une politique anglo-américaine qui ne s'est pas encore totalement émancipée des politiques coercitives qui ont suivi le 11 septembre 2001. Condamné à tort après les attentats du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, Lotfi Raïssi a entamé, dès la fin 2002, une procédure judiciaire, cherchant à obtenir réparation pour ses cinq mois passés en prison. Le jeune pilote avait réussi à s'entourer d'un large consensus à l'époque, et avait toutes les raisons de croire qu'il aurait gain de cause. Raïssi avait été soupçonné par Washington, dès les premiers jours qui avaient suivi les attaques-suicide, et accusé à tort d'avoir entraîné certains des terroristes responsables des attentats de New York et Washington, en septembre 2001. Il avait été arrêté par la justice britannique le 21 septembre suivant à la demande des Américains, placé à l'isolement vingt-trois heures par jour dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres, et prévenu qu'il serait probablement extradé vers les Etats-Unis où il risquait la peine de mort. La presse, aussi bien nationale qu'internationale, avait fait un large écho à cette affaire, qualifiant tantôt Raïssi de «terroriste», tantôt de «précepteur des kamikazes», plongeant et le pilote et sa famille dans un terrible embarras. En février, après des mois d'enquête, il avait été libéré, et deux mois plus tard, un juge l'avait publiquement innocenté. Le ministère britannique de l'Intérieur a, cependant, estimé qu'il n'avait pas droit à compensation l'an dernier, faisant valoir que ces compensations n'étaient possibles que pour des erreurs liées à des affaires criminelles et non à des demandes d'extradition. L'avocat de Raïssi, Edward Fitzgerald, a souligné, mardi, devant la cour d'appel de Londres que les accusations contre son client, basées sur une demande d'extradition américaine, avaient été «complètement infondées». «Ma vie a été détruite. J'avais choisi d'être pilote, je m'étais battu pour ça. Mais parce que j'étais Algérien, musulman, arabe et pilote, j'ai été victime d'une erreur judiciaire (...) J'étais coupable et j'ai dû prouver mon innocence», a dénoncé, de son côté, Lotfi Raïssi, selon lequel sa détention a nui à sa réputation et lui a occasionné des difficultés psychologiques.