Le parc automobile national est en constante évolution. Le pays a presque renouvelé en moins de dix ans son parc roulant. Certes, les anciennes voitures sont toujours présentes mais une évidence saute aux yeux: le réseau routier algérien accueille le plus grand parc automobile du Maghreb, et même de certains pays arabes. Aujourd'hui, les routes ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois, et de magnifiques voies rapides sont tracées quasiment chaque année, sans compter l'autoroute Est-Ouest. Les voitures européennes commencent à supplanter les asiatiques. Sur les routes, les luxueuses berlines côtoient et caracolent aux côtés d'autres moins voyantes et souvent même dangereuses. Mais d'où viennent ces voitures? La plupart sont désormais acquises chez des concessionnaires de différentes marques, installés dans la majorité des wilayas, mais aussi à l'étranger. En raison de la cherté et du manque de moyens, bien des citoyens, qui ont un réel besoin de voiture pour se déplacer, n'ont pas toujours les moyens de s'offrir un véhicule neuf. Aussi, nombreux sont ceux qui se rabattent sur le marché de l'occasion. La wilaya de Tizi Ouzou, qui semble bien dotée en la matière, compte plusieurs marchés. C'est ainsi qu'en dehors des marchés connus et qui sont installés à travers d'autres wilayas, comme celui de Tidjelabine, dans la wilaya de Boumerdès, le plus connu, et celui de Sidi Aïssa dans la wilaya de Bouira, qui semble spécialisé dans un certain type de véhicules, Tizi Ouzou a vu, depuis quelque temps, plusieurs marchés d'automobiles pousser comme des champignons, notamment à Tala Atmane, Azazga à l'est de la wilaya, Draâ El Mizan dans le sud de la wilaya, et enfin Draâ Ben Khedda à l'ouest du chef-lieu de wilaya. Les marchés sont plus ou moins importants. Evidemment, plus un marché est ancien plus il draine les foules. Tous sont installés sur des aires plus ou moins aménagées, tel celui de Draâ Ben Khedda qui gagnerait à être délocalisé. Les éventuels acheteurs ont un vaste choix entre véhicules européens et asiatiques et aussi entre véhicules dits de première main et ceux qui ne paient pas de mine. On y trouve de tout dans ces marchés. Selon Slimane, venu vendredi dernier au marché de Draâ Ben Khedda essayer de repérer un véhicule, «les prix sont souvent excessifs. Un véhicule qui a environ deux à trois ans d'âge et relativement en bon état, d'une puissance moyenne et d'origine européenne, est cédé entre 50 et 90 millions de centimes. Alors qu'un véhicule plus âgé et de faible puissance est cédé à environ 30 à 40 millions de centimes. Les asiatiques, qui se vendent comme des petits pains, sont cédées, quant à elles, dans une fourchette de 20 à 30 millions de centimes». La voiture la plus cotée chez les jeunes étant, bien entendu, la Renault Clio. «La Peugeot deux portes est aussi demandée, mais elle serait, selon Silmane, difficile à revendre au cas où l'on veut changer de véhicule.» Belkacem, quant à lui, fulmine contre ces revendeurs qui «trompent» les clients en maquillant les véhicules accidentés. Il faut être connaisseur ou alors se faire accompagner d'un mécanicien. Les revendeurs sont généralement des professionnels, mais souvent des particuliers se mettent de la partie. Hocine est enseignant et aussi revendeur de voitures, à l'occasion. «Vous savez, je suis venu à ce genre de travail par accident, j'ai eu à acheter et à revendre une voiture et je me suis aperçu que je pouvais faire en une seule transaction plus de deux mois de mon salaire, que dirais-je, plus de quatre mois de salaire. Les besoins aidant, je me suis mis à fond et chaque vendredi, je sillonne les marchés, et je vous assure que cela a permis à ma petite famille de vivre à l'aise.» L'autre face de ces marchés est sans doute aussi importante. Des communes ont trouvé ainsi une petite rente supplémentaire. Et aussi grâce à ces marchés, les commerçants de la ville abritant ces marchés de l'automobile trouvent leur compte. Les retombées sur ces villes sont nombreuses, outre la rente assurée pour la commune, les cafetiers, les restaurateurs et autres y trouvent leur compte. Les carrossiers, mécaniciens et autres sont également vernis. Les acheteurs, souvent, font appel à leurs services. Il reste que pour la plupart, ces marchés doivent être revus avec des aires aménagées et situées en dehors des villes afin, justement, d'éviter les nuisances. L'initiative est sans doute louable, mais il reste qu'elle est à parfaire.