Huit bébés ont péri dans cet acte terroriste. Seize personnes ont été assassinées, avant-hier tard dans la soirée, au lieu-dit Rakbat el-Halouf, dans la commune de Feidja, dans la wilaya de Tiaret. Les victimes appartenaient à plusieurs familles de pasteurs nomades qui suivent les pâturages avec leur bétail à cheval entre Aïn Oussara, dans la wilaya de Djelfa et Tiaret. Trois personnes ont pu échapper des mains de leurs assaillants et ce sont elles qui ont donné l'alerte aux services de sécurité. Entre-temps, le carnage avait été accompli et le groupe armé s'était volatilisé. C'est après 22 h que le groupe a fait une incursion dans le Trab Sidi Abdelghani. En nombre indéterminé, six ou dix, les terroristes se sont attaqués systématiquement à toutes les khaïmate du lieu, tuant tout le monde sur leur passage. Hier, à la morgue de Ksar Chellala, daïra distante d'une soixantaine de kilomètres de l'endroit du massacre, un spectacle quasi intenable. Seize corps enveloppés dans leurs linceuls: deux femmes, un homme âgé d'une quarantaine d'années, trois filles de 10 et 13 ans, deux jeunes adolescents et huit bébés. La région agropastorale d'entre Djelfa, Tiaret et Tissemsilt subit, depuis plusieurs mois, des incursions sanglantes de la part des groupes terroristes locaux. Il y a quatre jours, trois bergers ont été assassinés, justement, à Tiaret. Ce qui renseigne sur la présence d'un groupe dans la région depuis plusieurs jours déjà. Cette vaste région à vocation agropastorale «accueille», depuis plusieurs mois des groupes terroristes de différentes factions. Zone de transhumance par excellence, riche en milliers de têtes de bétail et en éleveurs nantis, elle reste tout indiquée pour se «ressourcer» en argent liquide, qui tourne par centaines de millions entre les mains des maquignons. Le groupe armé, qui reste à identifier, peut vraisemblablement être celui des Houmât El Daâwa Essalafiya, celui du groupe salafiste par le combat (aucun lien avec le Gspc), ou, en dernier recours celui du GIA. Cette région agro-pastorale est bien le no man's land des groupes armés. Plusieurs sous-groupes qui y activent, n'ont absolument plus aucun lien avec leur branche-mère, rendant illisibles et invisibles leurs messages codés et réunis par le biais de massacres sur tout ce qui peut se trouver sur leur passage. Si la région s'étendant entre Djelfa et Laghouat a été relativement sécurisée depuis deux ans, celle entre Aïn Oussara et Tiaret l'est beaucoup moins. Le grand «patchwork» de l'Ouest, où toutes les tendances se trouvent côte à côte dans des aires d'activité immense faites de terres rocailleuses, de vent de sable, de «guetaya» et de chih, dont les bêtes raffolent. Les massacres terroristes s'élèvent, à ce jour, à quelque 420 personnes tuées, dont au moins 150 islamistes armés. L'année 2002 s'avère particulièrement sanglante avec une intensification de la violence et des attentats à la bombe.