Selon certaines indiscrétions, la décision de M.Aoun est due à des pressions qu'il aurait subies. C'est officiel. M.Ali Aoun président-directeur général du groupe Saidal prend sa retraite. L'assemblée générale qui s'est tenue en présence du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M.Abdelhamid Temmar, a donné son accord, hier, au cours d'une réunion extraordinaire. Deux intérimaires ont été désignés pour remplacer M.Aoun. Il s'agit de M.Ababsa, cadre au ministère de l'Industrie, pour le poste de président par intérim et de M.Zahouani, directeur d'une filiale du groupe, pour le poste de directeur général par intérim. Ainsi donc et après avoir présidé aux destinées, 13 années durant, du premier groupe pharmaceutique algérien, M.Ali Aoun tire sa révérence. C'est en 1995 qu'il est chargé de prendre la direction de ce qui n'était qu'une entreprise moribonde dont la liquidation paraissait inéluctable. Après avoir pris connaissance des forces et faiblesses de l'entreprise, Ali Aoun est persuadé que le sauvetage de l'entreprise est possible. Aidé de l'ensemble des travailleurs très heureux de ne pas perdre leur emploi, il décide de réanimer et relancer ce qu'il devait «enterrer». En manager exceptionnel, doublé d'un grand talent de communicateur, M.Aoun parvient, au prix d'énormes efforts, à redresser en très peu de temps les comptes de l'entreprise. Et quand le déficit fut dépassé, il met en place un programme de développement qui allait transformer l'entreprise en un grand groupe doté de plusieurs filiales. Un groupe qu'il allait hisser au rang de leader dans la production pharmaceutique nationale. Ce défi, s'il faisait l'affaire des travailleurs, n'arrangeait nullement la concurrence et, notamment, les laboratoires internationaux qui voyaient le développement des génériques de Saidal comme une menace à l'écoulement de leurs produits en Algérie. M.Aoun n'en avait cure, fixé qu'il était sur son objectif d'imposer une entreprise citoyenne au service des malades algériens avec des prix défiant toute concurrence et une qualité jamais démentie, tout en contribuant à alléger les dépenses en devises que l'Etat consentait chaque année pour l'importation des médicaments. Le défi était tellement grand que M.Aoun a failli y laisser la vie. Il a, en effet, échappé par deux fois à des attentats au cours de la tragédie nationale qu'à traversée notre pays. D'ailleurs et au cours de l'assemblée générale en question, M.Temmar n'a pas tari d'éloges sur ce P-DG hors normes. Les travailleurs du groupe ne parlent que de ce départ. Une certaine morosité doublée d'inquiétudes «flotte» dans les différentes filiales. Selon certaines indiscrétions, la décision de M.Aoun est due à des pressions qu'il aurait subies. Si tel était le cas, il faut croire que ce sont des pressions extraordinaires pour l'avoir fait céder, lui qui, depuis treize années, ne cessait de se battre dans le milieu du médicament lequel n'est pas réputé faire dans la dentelle. Il faudra s'inquiéter du devenir du groupe sans Aoun. Pas de Aoun qui, selon nos sources, est plutôt libéré et réfléchit aux diverses sollicitations qui lui sont parvenues depuis que la rumeur l'avait donné partant de Saidal, il y a une quinzaine de jours.