Il était connu, le voilà reconnu par les siens. Ce n'est pas tous les jours qu'un auteur est reconnu de son vivant par sa ville. Et quand cette ville compte de grands écrivains et poètes tels que Réda Houhou, les poètes Laïd Khalifa et Omar Bernaoui, pour ne citer que ceux-ci, on comprend mieux l'honneur qui a été fait à Hamid Grine dans une salle pleine à craquer du Tout-Biskra: wali, président d'APC, sénateurs, et intellectuels. Présenté par Abdelhamid Zekiri, journaliste et mémorialiste de Biskra, comme l'un des plus grands écrivains algériens, Hamid Grine a tenu en haleine l'assistance pendant plus de deux heures. L'auteur est d'abord revenu sur sa carrière et ce qui a nourri ses livres. Après avoir brièvement survolé sa carrière de journaliste sportif à «une époque où le seul domaine d'expression était le sport, exutoire du peuple», Hamid Grine est revenu sur ce qui a fait de lui ce qu'il est, aujourd'hui, c'est-à-dire un écrivain qui écrit d'abord pour son peuple. D'abord sa mère: «L'homme est le fils de sa mère plus que de son père, car l'une est généreuse, l'autre est centré sur lui-même.» Cette flèche adressée aux hommes a été pourtant chaleureusement applaudie par l'assistance composée, en majorité, d'hommes. Pour les présents, c'est une vérité que le meilleur de l'Algérie se trouve souvent dans sa composante féminine. L'auteur de La nuit du henné dira, notamment que s'il a toujours cru en son étoile, c'est parce qu'il avait la bénédiction de sa mère, décédée depuis, qui a été sa première école: «Ne juge jamais...ne te plains jamais, n'insiste jamais, ne sois jamais pesant, ne polémique jamais avec qui que ce soit surtout pas avec tes aînés» voilà quelques conseils d'une mère philosophe qui a inculqué à son fils l'amour de la sagesse que Hamid Grine a exprimé, à son tour, dans le fameux Cueille le jour avant la nuit. L'auteur évoquera ses livres les plus connus comme la biographie sur Belloumi. Comme des ombres furtives, Chronique d'une élection pas comme les autres, La dernière prière, La nuit du henné et bien d'autres avant d'arriver au Café de Gide dont la parution ne saurait tarder. Concernant ce dernier livre, Hamid Grine a parlé de témoignage d'un écrivain à une ville qu'il a aimée et aime toujours. «J'ai évoqué la grandeur et les tribulations d'une ville à travers le temps. Gide n'est qu'un prétexte. C'est mon livre le plus personnel sans doute. J'ai mis six ans pour le terminer», avouera l'écrivain qui reconnait que si Biskra reste sa source d'inspiration, il se sent tout autant Tiziouzéen, qu'Algérois, Bedjaoui, Oranais, Tlemcénien ou Sétifien: «Je n'ai jamais choisi mes amis en fonction de critères régionaux.» Dans le riche débat qui a eu lieu, Hamid Grine a eu tout le loisir de réaliser la parfaite connaissance de son oeuvre par les Biskris. Certains lui ont même récité des passages entiers de ses livres, ce qui a fait dire à l'auteur que l'érudition est toujours du côté des lecteurs. Encore un peu et il s'écrierait: «Mes lecteurs ont du génie!» Lors du débat riche et sincère, une question a été posée sur Yasmina Khadra. La réponse de Hamid a été sans équivoque: «Khadra fait honneur à la littérature algérienne, mais aussi à tout le pays! J'ai beaucoup d'admiration pour ce qu'il fait.» Le débat a été ponctué par l'intronisation de l'auteur comme citoyen d'honneur de la ville par le président de l'APC qui lui a fait revêtir un magnifique burnous blanc. Hamid Grine insistera pour remercier tous ceux qui ont été à l'origine de cet hommage, à leur tête Khider Hamida, Abdelhamid Zekiri et bien entendu les autorités locales qui n'ont ménagé aucun effort pour faire de ce 1er Mai, la consécration d'un écrivain qui aime dire qu'il écrit pour les Algériens. Voilà que les Algériens le remercient à leur façon. Il était connu, le voilà reconnu par les siens.