C'est à l'Arabie saoudite, au Pakistan et à la Colombie que les Américains ont trouvé des vertus. Que reprochent les Américains à la Réconciliation nationale en Algérie? Trois années après son adoption par référendum, il semble bien que la démarche n'a pas été de leur goût même s'ils ne l'ont jamais formulé de manière explicite. Dans le rapport annuel sur le terrorisme dans le monde en 2007, rendu public il y a quelques jours, le département d'Etat américain n'a à aucun moment fait référence au rôle et à l'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme. Ce sont les Philippines et l'Indonésie que le document du département d'Etat cite comme étant des pays qui ont réussi à contrer les groupes terroristes Abou Sayyaf et Jemaâh Islamiyah, respectivement, tandis qu'en Afrique, la Mauritanie et la Somalie ont réussi à déjouer des insurrections fomentées par Al-Qaïda. «Le terrorisme ne connaît pas de frontières, d'où l'importance de la coopération internationale», souligne ce document qui cite encore d'autres pays, comme la Colombie, l'Arabie Saoudite, le Pakistan et l'Afghanistan passant complètement sous silence les tentatives algériennes de ramener la paix, la Réconciliation nationale notamment. Contrer le terrorisme est une priorité, et cela peut prendre diverses formes, lit-on dans ce rapport qui trouve bien des vertus à l'action colombienne «qui s'efforce de fournir des services publics et de renforcer la sécurité pour contrer l'influence des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc)», qui cite en exemple l'Arabie Saoudite ou la réinsertion d'anciens terroristes a été largement médiatisée dans la presse et les télévisions américaines et le gouvernement pakistanais, récemment élu, «redouble d'efforts pour pacifier et sécuriser les régions tribales qui bordent l'Afghanistan». Ce rapport annuel, conçu conjointement par le département d'Etat et le Centre national de lutte contre le terrorisme (Nctc), constitue une base de données et un véritable tableau de bord pour la suite de la lutte contre le terrorisme dans le monde. Il fournit au Congrès des informations sur les progrès réalisés dans la lutte contre Al Qaîda et autres groupes considérés comme terroristes par les Etats-Unis. Quelque 42 organisations réparties à travers le monde ont été recensées dans ce rapport. Al Qaîda Maghreb, ex-Gspc a été classée à la 35e position mais son degré de nuisance en tant qu'organisation terroriste est des plus élevés dans le monde. Ce rapport a recensé en 2007 14.499 attaques terroristes dans le monde, soit une légère diminution par rapport à l'année précédente (14.570). Toutefois, le progrès contre le terrorisme ne se mesure pas uniquement en chiffres, affirme le directeur adjoint du Nctc, M.Russ Travers. «L'année dernière, quelque 98.400 policiers ont été blessés ou tués», a constaté le rapport qui a noté «une augmentation des attaques contre des écoles. Nous avons, par ailleurs, des rapports indiquant qu'au moins 2400 enfants ont été tués.» Mais le terrorisme demeure une menace complexe. Les cellules qui trouvent asile dans des régions instables du monde s'emploient, à contourner les nouvelles mesures de sécurité. Elles forgent des alliances avec des groupes régionaux et orchestrent une importante propagande sur Internet dans le but d'exploiter le désarroi et la misère des populations locales et d'attirer les jeunes sur la voie de l'extrémisme. Pour cela l'Oncle Sam a trouvé la parade qu'il tente de vendre depuis l'année 2007. Les Etats-Unis encouragent la collaboration en matière de lutte antiterroriste par le truchement de leurs initiatives stratégiques régionales. Ces dernières consistent à associer des diplomates et des spécialistes du gouvernement américain à leurs homologues étrangers dans une région donnée afin «d'échanger des informations et de contrer l'influence des terroristes en offrant une aide au développement, des soins médicaux, de l'éducation et la formation de policiers et de militaires, et de donner ainsi aux Etats les outils nécessaires pour protéger leurs citoyens». A la lettre près, ce sont exactement les objectifs que se fixe l'Africom.