La Grande Mosquée de Paris a décidé de ne pas participer aux prochaines élections du Conseil français du culte musulman. Un grand rassemblement des musulmans de l'Europe a eu lieu en France ce dernier week-end. Sans mixité avec, à gauche les soeurs, et à droite les frères, plusieurs milliers de fidèles ont participé à une rencontre annuelle près de Paris, organisée par l'Union des organisations islamiques de France (Uoif). Le rassemblement, le 25e du genre, a eu pour thème «La famille». Cette organisation est considérée comme proche des Frères musulmans. Pour les participants, la question est entendue: la famille est en crise et le taux de divorces a atteint plus du tiers des mariages en France. «Aujourd'hui, la finalité de la famille est devenue le bonheur individuel et la recherche du plaisir de ses membres», a déclaré M.Ould Doua, l'un des organisateurs. Les musulmans n'échappent pas à ce phénomène aujourd'hui répandu en Occident et, notamment en France. Pour Noura Jaballaha, présidente du Forum européen de la femme musulmane (Fefm), les familles musulmanes sont, en outre, touchées par des problèmes qui leur sont propres: poids des traditions, mariages forcés et mauvais traitements réservés souvent aux femmes. La partie réservée aux femmes accompagnées d'enfants, est la plus remplie. La majorité d'entre elles sont voilées. Celui qui a fait salle comble, c'est Tariq Ramadan, islamologue, citoyen suisse et petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassan El Banna. C'est la première fois, depuis de nombreuses années, qu'il intervient au rassemblement annuel de l'Uoif. Les auditeurs ont écouté attentivement les conseils du professeur: «Non, le mariage forcé n'est pas islamique», dit-il. Pour lui, le mariage, c'est d'abord le consentement d'un homme et d'une femme. «Oui, l'Islam a reconnu à la femme un statut d'autonomie, et le caractère concret de la séparation des biens traduit cette autonomie des individus». Le rassemblement de cette année a été organisé au moment où le Conseil français du culte musulman (Cfcm), connaît l'une de ses plus graves crises depuis sa création, en 2003, par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, chargé des Cultes. Un conflit est né de l'enjeu que constitue l'élection du président du Cfcm, prévue le 8 juin prochain, dont le titulaire actuel est, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, que brigue, notamment M.Alaoui, actuel vice-président de l'Uoif. Rappelons, dans cette optique, que la Grande Mosquée de Paris a décidé de ne pas participer aux prochaines élections du Conseil français du culte musulman. Selon l'avocat-conseil de cette institution, Me Hafiz Chems-Eddine, la décision de cette institution cultuelle, est due à son refus du mécanisme électoral jugé inadapté à la sociologie de l'Islam en France. La Fngmp (Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris) conteste les modalités d'élection du Cfcm fondées sur le critère de la surface (au mètre carré) des lieux de culte en France, pénalisant ainsi, de fait, la Grande Mosquée de Paris qui regroupe la plus nombreuse et la plus ancienne communauté musulmane en France. Pour expliquer la décision prise par la Fngmp et de ses huit fédérations régionales, Me Hafiz a retracé un pan de l'histoire de l'Islam en France depuis la période coloniale, notant que ce n'est qu'«à compter des années 80, que la présence, en France, d'une forte communauté arabo-musulmane devient une donnée sociologique, entraînant un bouleversement dans la société français». «La mise en place du Cfcm et des 25 conseils régionaux est le fruit d'un long travail engagé au cours des années 80», a indiqué l'avocat-conseil. Affaire sans doute à suivre tant l'importance de la Mosquée de Paris dans l'espace cultuel français n'est plus à démontrer.