Le régime du président zimbabwéen, Robert Mugabe, a rejeté hier les conditions posées par le leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai, qui entend rentrer au pays pour participer au second tour de l'élection présidentielle en dépit des craintes pour sa sécurité. Le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa, a indiqué que les observateurs des pays occidentaux, réclamés par M.Tsvangirai, mais à l'origine des sanctions contre le régime, n'étaient, a priori, pas les bienvenus. ´´Nous réviserons notre jugement en leur faveur s'ils lèvent les sanctions. A moins qu'ils ne le fassent, il n'y a aucune raison d'avoir des relations avec eux´´, a déclaré le ministre, cité par le quotidien d'Etat The Herald. Après plus d'un mois passé à parcourir l'Afrique australe pour convaincre les leaders de la région d'enrayer la crise postélectorale zimbabwéenne, le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC-opposition) a annoncé son retour imminent. Mais M.Tsvangirai, passé à tabac l'an dernier par la police, a souligné qu'il ne participerait qu'à un second tour libre et équitable. Après avoir rejeté ses conditions, le gouvernement a affirmé que le leader du MDC n'avait rien à craindre. ´´Si sa vie est vraiment menacée, nous avons des agents de sécurité´´, a déclaré le vice-ministre de l'Information, Bright Matonga. ´´Il ne nous a jamais dit qu'il avait fui parce qu'il était en danger et, selon nos informations, il est en vacances tout en faisant campagne pour diaboliser le Zimbabwe.´´ Critiqué pour être resté si longtemps à l'étranger, M.Tsvangirai a annoncé, samedi depuis l'Afrique du Sud, qu'il rentrerait ´´dans quelques jours´´. Mais il a souligné qu'il ne participerait au second tour qu'à condition que la violence cesse, que la commission électorale soit réorganisée et que des observateurs internationaux ainsi qu'une force de maintien de la paix régionale soient déployés. Le MDC accuse M.Mugabe, défait dans les urnes pour la première fois en 28 ans au pouvoir, de semer la terreur afin de s'assurer la victoire au second tour et affirme que 32 de ses militants ont été tués et que 30 sont portés disparus. Le parti a rencontré samedi le président angolais, José Eduardo dos Santos, qui préside le comité de sécurité de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc), pour demander l'envoi d'une force de maintien de la paix. ´´L'engagement de travailler au sein de la Sadc a été pris (...) afin de garantir que s'il y a un second tour, il se déroule conformément à la loi et cela signifie qu'il doit y avoir la paix et des garants de la paix´´, a déclaré le secrétaire général du MDC, Tendai Biti, à la radio publique sud-africaine. Aucun pays occidental n'avait pu envoyer d'observateurs au premier tour du 29 mars, dont la commission électorale n'a proclamé les résultats qu'au bout de cinq semaines. Elle n'a toujours pas fixé la date du second. M.Chinamasa a aussi critiqué le chef de l'Etat zambien et actuel président de la Sadc, Levy Mwanawasa: ´´Nous ne l'avons pas entendu appeler à la levée des sanctions´´. Ces sanctions consistent en un embargo sur les armes, l'interdiction pour plus d'une centaine de dignitaires du régime de se rendre aux Etats-Unis et dans l'UE et un gel de leurs avoirs. M.Mugabe leur attribue la responsabilité du marasme économique dans lequel sombre le pays depuis huit ans, avec une hyperinflation frôlant les 165.000% et un taux de chômage supérieur à 80%.