Au moment où l'armée israélienne poursuit ses incursions dans les territoires palestiniens occupés, une vingtaine de Palestiniens tués lors des 48 dernières heures, Tel-Aviv tente d'infléchir la mission d'établissement des faits, en la détournant de sa mission première consistant à faire la lumière sur ce qui s'est passé au camp de réfugiés de Jénine. L'intitulé de la mission est suffisamment clair pour qu'il n'y ait pas de confusion sur ce que veut savoir l'ONU. Dans la pratique, l'objet de l'équipe mandaté par l'ONU est bien de déterminer la réalité de la gravité des événements ayant marqué le camp de Jénine, à l'exclusion d'autres paramètres. En vérité, l'armée israélienne a commis, dans le camp de réfugiés de Jénine, des crimes assimilables à des crimes de guerre et à des crimes contre l'humanité. Or, les Israéliens, faisant l'amalgame avec la situation prévalant dans les territoires occupés, essaient de vider la mission des pouvoirs de mettre en lumière la réalité des faits, en lui enlevant les possibilités de coercition par la soumission d'Israël à des sanctions ou condamnations de la part de la communauté internationale et des instances habilitées de l'ONU. Entre-temps, les négociations entre le secrétariat général de l'ONU et les représentants israéliens, à propos de la mission d'établissement des faits à Jénine, ont été ajournées vendredi. Une source proche de l'ONU n'exclut pas, cependant, que les discussions reprennent aujourd'hui, jour d'arrivée au Proche-Orient de l'équipe dirigée par Martti Ahtisaari, comme l'a annoncé, hier, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU. Pour sa part, l'ambassadeur russe, Sergueï Lavrov, en charge de la présidence mensuelle du Conseil de sécurité, a estimé que «si des développements contraires se produisent, le Conseil s'en occupera» ; ajoutant: «Nous ne sommes pas parties aux discussions, entre le secrétaire général de l'ONU et le gouvernement israélien, a propos de la mission» indiquant cependant, «Nous soutenons le secrétaire général, il a estimé positives ces discussions et nous n'avons pas de raisons d'en douter». Il n'en reste pas moins qu'il est impensable qu'Israël dont l'armée a commis à Jénine des crimes assimilables à des crimes de guerre et contre l'humanité, exige non seulement de contrôler la mission, mais encore que celle-ci n'aboutisse à aucune condamnation de l'Etat hébreu. Dans des cas similaires comme celui du Kosovo, les autorités internationales n'ont pas demandé son avis à Belgrade, estimant à juste raison qu'il appartenait à la communauté internationale de faire ses propres investigations pour déterminer les tenants et aboutissants de cette affaire. Ce qui est équitable, et normal, pour tous les pays membres des Nations unies, ne le semble pas pour Israël, qui s'est proclamé Etat au-dessus des lois communes imposables à tous. Dans cette confusion provoquée, la mission de l'ONU tourne à la farce.