Depuis le début des violences, aucun haut responsable officiel ne s'est rendu dans cette localité pour faire un constat réel de la situation. Ni le chef du gouvernement, ni un autre responsable de l'Exécutif de M.Belkhadem ne s'est mis en peine de savoir ce qui se passe et s'est rendu sur les lieux écouter les doléances et si besoin, prendre les décisions qui s'imposent. Acte d'ignorance ou manque de considération? Berriane s'enflamme, une rechute pleine d'inconnues alors que le gouvernement algérien donne l'impression de ne pas mesurer les enjeux de ce qui se passe à Berriane. Morts, blessés, maisons détruites, routes coupées, arrestations et autres dégâts matériels font le décor de cette ville, hier tranquille, de la wilaya de Ghardaïa. En dépit du retour d'un calme précaire, le volcan reste en activité. Les esprits s'échauffent. Les coeurs sont pleins de rancoeur, de rancune et même de vengeance. La situation peut dégénérer à n'importe quel moment. Les citoyens de cette localité se sont engagés dans une série d'affrontements. Pourquoi? Selon un témoin oculaire, les esprits sont à fleur de peau et un rien suffirait à rallumer l'étincelle «Il suffit juste d'allumer l'étincelle pour voir la situation s'embraser. Les citoyens ne sont pas près d'oublier ce qui s'est passé, notamment après les derniers événements qui ont provoqué l'incendie d'environ 200 maisons», a déclaré ce témoin de la région à L'Expression. Dans la journée de samedi B.A., âgé de 70 ans, a été retrouvé égorgé dans sa maison. Des dizaines de maisons ont été carbonisées entre vendredi et samedi. C'est ce qui laisse entendre que le climat n'est pas complètement apaisé dans les coeurs. Devant cette situation chaotique, il y a lieu de s'interroger sur le rôle du gouvernement pour redresser la situation. Comment se fait-il que l'Etat ne soit pas encore intervenu alors que chaque jour qui passe rend la situation plus difficile? Faut-il le souligner alors qu'il s'agit, aujourd'hui, tout d'abord et avant tout d'assurer la sécurité d'une minorité religieuse? Comment se fait-il que nos gouvernants n'aient toujours pas réagi alors que les choses semblent empirer? Beaucoup de questionnements en vérité derrière cette carence à agir. Or, en raison de sa nature, cette situation peut être résolue par une simple déclaration d'un vieux sage de la région, comme cela a toujours été le cas à la vieille belle époque dans des situations similaires. Calmer les gens, comprendre le pourquoi des choses ensuite, prendre les décisions qu'il faut si nécessaire, enfin. Imaginons que la société algérienne est constituée de plusieurs et diverses communautés religieuses! Et que l'Algérie était confrontée à d'autres événements d'ordre ethnique, tribal ou afférents au rituel? Que va t-il se passerait-il? On assisterait sans doute à des séries d'émeutes à travers le territoire national sous le regard indifférent de nos responsables. Depuis le début des affrontements aucun haut commis de l'Etat ne s'est rendu dans cette localité pour, de visu, faire un constat réel de la situation et calmer les esprits. Ni le chef du gouvernement, ni un autre responsable de l'Exécutif de M.Belkhadem ne se sont donné la peine d'aller voir sur les lieux et écouter les doléances et, si nécessaire, prendre les décisions opportunes. Faut-il attendre jusqu'à ce que la situation devienne non maîtrisable pour appeler à la sagesse ensuite? N'a t-on pas tiré des leçons des événements de Kabylie qui ont provoqué la mort de plus de 120 jeunes Algériens? Or, dans ce cas de figure, c'est le moment opportun pour le gouvernement de montrer qu'il est aux côtés de la population. On ne l'a pas constaté en Kabylie, on ne le voit pas à Berriane. Cette région n'a t-elle pas fourni à l'Algérie un certain Moufdi Zakaria qui a conçu, sur demande de Abane Ramdane, l'hymne national? On ne peut oublier, ni ignorer aujourd'hui que le nom de Moufdi Zakaria est ressuscité dans chaque couplet de l'hymne national, combien cher au coeur de chaque Algérien, chanté à pleins poumons par les enfants de l'Algérie libre. Aussi, c'est cette même région qui a toujours ouvert ses bras et accueilli chaleureusement le président de la République lors de ses différents déplacements dans la région du M'zab. Ses enfants ont beaucoup donné à l'Algérie. Cette région de l'Algérie profonde mérite de retenir de manière particulière l'attention des responsables du pays pour son développement. Suite aux événements qui ont marqué la ville de Berriane, plusieurs arrestations ont été opérées parmi les manifestants lors des affrontements survenus ces dernières 48 heures, indique-t-on. Ces émeutes qui ont débuté tôt vendredi, ont fait deux morts, une trentaine de blessés et des dégâts matériels. D'ailleurs, un agent de police, «se sentant en danger, a fait usage de son arme, après des tirs de sommation, blessant un citoyen», lequel a succombé à ses blessures à l'hôpital, indique le ministère de l'Intérieur, dans un communiqué rendu public. De son côté, la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) a dépêché vendredi à Berriane une équipe d'experts de l'inspection générale de la Sûreté nationale pour enquêter sur le décès du citoyen, touché par une balle tirée par un policier. Le tribunal de Ghardaïa a placé neuf personnes sous mandat de dépôt. Deux autres ont bénéficié d'une citation directe à comparaître le jour du procès pour attroupement armé sur la voie publique, destruction de biens d'autrui et coups et blessures, rapporte l'APS citant la cour de Ghardaïa. Ainsi, il est temps pour le gouvernement de se montrer plus attentif aux doléances des citoyens et de s'impliquer plus directement dans de telles situations avant qu'elles ne s'enveniment.