Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal à la rescousse pour booster l'action gouvernementale. Il n'y a pas meilleur signe annonciateur d'un changement de gouvernement que lorsque un chef de l'Exécutif se fait de plus en plus rare à la télévision et ne se manifeste pas à l'occasion de graves événements comme l'affaire de Berriane. C'est à présent le cas, puisque Abdelaziz Belkhadem est pratiquement absent de la télévision et même dans la vie politique nationale, après l'avoir occupée jusqu'à l'overdose. Dans le sillage de ces supputations, on annonce donc un changement au sein du gouvernement, lequel changement porterait l'actuel ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, à la tête de l'Exécutif. Réputé pour être un homme proche du chef de l'Etat, M.Sellal a d'abord été donné pour driver les comités de soutien à la 3e mandature du Président Bouteflika après la révision de la Constitution. C'est donc à la tête du gouvernement qu'il est annoncé après avoir conduit le département de l'intérieur, celui de la jeunesse, des transports et actuellement le ministère des Ressources en eau. Les mêmes supputations annoncent le grand retour de Ahmed Ouyahia aux affaires pour booster l'action gouvernementale. Le patron du RND occuperait ainsi le poste de ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République. Momentanément isolé, Ahmed Ouyahia a brillamment usé de la technique du roseau qui courbe l'échine puis se redresse une fois la bourrasque passée. Revenant dans les bonnes grâces du président, Ahmed Ouyahia a été chargé de plusieurs missions d'envergure au plan international, dont la rencontre Afrique-Inde et celle au Conseil de sécurité de l'ONU à New York. Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, est un autre département où est annoncé un changement. L'actuel ministre est pratiquement partant en raison, indique-t-on, de plusieurs malentendus avec les autres membres du staff gouvernemental et surtout avec des personnalités agissantes dans le monde religieux. On se rappelle de la polémique qui l'a opposé au président du Haut conseil islamique, Cheikh Bouamrane, sur les fonds de la zakat. Ajouté à cela les différences d'approche enregistrées dans plusieurs dossiers comme celui de l'évangélisation, le Hadj et la Mosquée d'Alger. Il reste que ces changements demeurent au stade de la rumeur, cet art de substituer le virtuel au réel. C'est en quelque sorte l'histoire qui se répète mais d'une d'autre manière. A la veille du putsch des généraux en 1958, le directeur du journal L'Echo d'Alger, Alain de Sérigny, un colonialiste patent, a débité cette phrase célèbre qui a marqué le monde politico-médiatique de l'époque: «Avec un éditorial je fais et je défais un gouvernement.» Depuis, L'Echo d'Alger a disparu de même que son directeur et l'Algérie a retrouvé son Indépendance. Les temps et les hommes changent, les moyens aussi. Si bien qu'aujourd'hui, le sort des gouvernements n'est plus scellé par les éditoriaux mais par la rumeur. La technique consiste à conforter et amplifier le virtuel pour le substituer au réel, a défaut d'un vrai changement. Quelle belle invention ce téléphone arabe! On n'arrête pas le progrès. Les Américains ont inventé le chewing-gum pour faire patienter le tiers-monde et «Khawetna» (nos frères Ndlr) ont découvert la rumeur pour faire attendre le petit peuple que nous sommes.