«Les Etats-Unis sont déterminés à soutenir le peuple algérien dans la construction de sa nouvelle nation.» Il est vraiment rare qu'un haut responsable politique américain de la trempe de Condoleezza Rice avance des propos aussi élogieux sur un pays. Pourtant, la secrétaire d'Etat américaine a bien tenu ces propos à conforter les pays amis, à en jalouser le reste du monde...«En 2008, l'Algérie est un leader reconnu en Afrique du Nord et au-delà», a-t-elle affirmé dans une déclaration écrite adressée à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger, à l'occasion de l'inauguration de son nouveau siège. «L'Algérie est championne de la sécurité régionale et internationale», a-t-elle ajouté pour appuyer ses propos. Incontestablement, l'Algérie a acquis une grande expérience en matière de lutte antiterroriste au bout de 15 années de confrontation sur le terrain avec les groupes armés. «Aujourd'hui, nous pouvons apprécier le chemin parcouru par l'Algérie depuis qu'elle a émergé en tant que nation indépendante», a-t-elle relevé dans sa déclaration lue par l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Robert S. Ford, lors de la cérémonie. Soit, et qu'en pense-t-elle sur le plan économique? Avec la même force dans les propos, Condoleezza Rice soutient avec enthousiasme que «l'économie a fait de grands progrès, et sa société est même en train de devenir plus ouverte». Depuis, le fameux «Je veux travailler avec vous» lancé par le président George Bush à son homologue Bouteflika en 2002, c'est la deuxième fois qu'un haut responsable américain exprime en termes clairs son admiration envers l'Algérie. Et quand ces propos sont émis par la première puissance mondiale, il y a de quoi être fier, pour peu qu'ils soient suivis d'actions concrètes. A ce niveau, il faut peut-être urger les choses du côté algérien. Comme pour appuyer ses propos, elle souligne les hauts faits d'armes de l'Algérie durant la guerre de Libération et les difficultés qu'elle a relevées durant les premières années de l'Indépendance. «En 1962, l'Algérie se remettait encore d'une guerre terrible, avec une économie brisée et la perte de plus d'un dixième de son peuple», a-t-elle rappelé, notant que son pays avait nommé son premier ambassadeur à Alger en 1962, signe de «la détermination des Etats-Unis à soutenir le peuple algérien dans la construction de sa nouvelle nation». La secrétaire d'Etat américaine a exprimé son espoir de «développer encore plus» les relations entre les deux pays dans le domaine de l'éducation, des échanges culturels, de la coopération judiciaire, des affaires et de la coopération sécuritaire. C'est dans ce sens que l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Robert S.Ford, a interprété l'inauguration de cette nouvelle ambassade: «Ce bâtiment, plus grand et plus imposant, représente les fondations solides et en perpétuel développement entre nos deux pays», a-t-il souligné dans sa déclaration. Avec des normes sécuritaires impénétrables, cette véritable tour d'ivoire a coûté la bagatelle de 90 millions de dollars. Pour l'ambassadeur, ce siège «représente l'engagement américain à construire un partenariat en Algérie qui comprend le développement économique», plus encore pour M.Ford, il s'agit également de «la coopération pour la sécurité régionale, l'éducation, la justice, le secteur des finances et plus d'échanges entre nos deux peuples». Aussi, les déclarations de Mme Rice auront-elles comme autre effet de dissiper les nuages d'été sur les relations quelque peu grippées entre les deux pays. D'abord, au plan régional, c'est l'installation de l'Africom qui crée des grincements dans la mécanique. L'installation du siège de cette structure, devenue l'Arlésienne, se voit balancer entre la Guinée-Bissau, le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et dernièrement le Sahara occidental. Cela d'une part, de l'autre, les actions américaines semblaient s'orienter ces derniers temps vers d'autres pays comme le Maroc et le Mali. Si pour le Royaume chérifien il y a des raisons historiques objectives, il en est tout autre pour le Mali. Cette réorientation, tournant le dos à un partenaire clé qu'est l'Algérie dans le Sahel, a créé une certaine froideur. Cela, au moment où la collaboration sécuritaire s'imposait, tant les défis imposaient une réplique concertée.