L'univers musical algérien vient de s'enrichir d'une nouvelle institution afin de défendre les couleurs de la musique andalouse... Une assemblée constitutive de la fondation «Abdelkrim Dali», en hommage au grand maître de la musique classique s'est tenue, jeudi après-midi, au siège du syndicat des artistes. Dans une intervention, l'artiste Mourad El Baez, qui fut l'un des élèves d'Abdelkrim Dali, a indiqué que cette fondation aura pour but de sauvegarder et perpétuer la musique classique algérienne, dite musique andalouse, à travers l'organisation de concerts et la participation aux différents festivals, la formation (création de classes d'enseignement), le recensement des textes et la transcription de mélodies. Evoquant le parcours d'Abdelkrim Dali, il a affirmé que le maître défunt ne se confinait pas à la musique andalouse mais qu'il maîtrisait aussi bien le «hawzi», le «chaâbi» et l'«a'roubi». Aussi, cet évènement a été suivi d'un concert organisé, jeudi soir, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger, en hommage à ce grand musicien. Le concert a été animé par l'orchestre de l'association «El Inchirah», de l'orchestre de la Radio nationale, ainsi que par d'anciens élèves du maître. «Jusqu'à présent, on enseigne la musique oralement», a indiqué l'intervenant, soulignant que «les noubas que l'on considère comme avoir été perdues, ne le sont pas mais il y a eu permutation car exécutées avec des modes qui ne sont pas appropriés». A l'issue du vote à bulletin secret, en présence de Abdelkader Hadouche, représentant du syndicat des artistes, un bureau comprenant 11 membres dont Wahiba Dali (petite-fille du grand maître de la musique andalouse) et d'anciens élèves d'Abdelkrim Dali, a été élu. Le bureau se réunira dans les prochains jours pour élire le président de la fondation. Abdelkrim Dali est né le 21 novembre 1914 à Tlemcen, dans une famille mélomane. Le grand musicien Omar Bakchi, découvrant son talent, lui enseigna les bases de la musique andalouse. Puis il apprit à jouer de la mandoline, du violon, le «ney» et le luth, avant d'intégrer l'orchestre de cheikh Larbi Bensari, puis celui de Cheikha Tetma, avec qui il effectuera plusieurs tournées. Parallèlement à son travail d'enseignant, Abdekrim Dali est connu aussi pour avoir fait de la recherche et enregistré toutes les noubas selon la tradition de Tlemcen. A l'indépendance du pays, il se lança dans la composition de chants patriotiques et religieux et en 1965, on lui attribua un poste de professeur au conservatoire d'Alger avant d'être engagé comme conseiller culturel auprès de l'Institut national supérieur de la musique. De retour du pèlerinage à La Mecque, il composa un grand poème symphonique sur les modes andalous intitulé «Rihla Hidjazia». Abdelkrim Dali, qui a laissé une composition immortelle, diffusée par la Télévision nationale chaque Aïd, et portant le titre Mabrouk Aïdkoum, est décédé le 21 février 1978 d'une crise cardiaque à l'âge de 64 ans.