Dans ce contexte, l'annonce de la reprise des négociations entre Israël et la Syrie a été accueillie avec un grand scepticisme. Cinq Palestiniens ont été tués hier, lors de deux opérations de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Ghaza. Deux hommes ont été tués par des tirs israéliens à l'est de la localité d'El Boureij, dans le secteur central de la bande de Ghaza. Les Brigades d'Al-Qods ont annoncé la mort de deux de leurs hommes dans ce secteur lors d'un raid aérien israélien. Auparavant, trois autres Palestiniens ont été mortellement atteints par des missiles tirés par des appareils de l'armée de l'air israélienne. Hier, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a exhorté Israël à faire «beaucoup plus» pour améliorer la circulation en Cisjordanie, lors d'une conférence sur les investissements à Bethléem. «Ne nous voilons pas la face, des obstacles existent. Les restrictions en matière d'accès et de mouvements demeurent importantes. Elles n'ont pas été réduites comme elles auraient dû l'être», a déclaré M.Kouchner, qui achève une visite de trois jours en Israël et en Cisjordanie occupée. Cela au moment où les exactions armées s'accentuent et au moment où le gouvernement israélien est éclaboussé par un autre scandale. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a dû faire face, hier, à un nouvel interrogatoire de la police sur des fonds qu'il a reçus d'un homme d'affaires américain, une affaire qui a, d'ores et déjà, porté gravement atteinte à son image. L'interrogatoire mené par les enquêteurs de la police des fraudes a duré près d'une heure et demie à la résidence de M.Olmert à Jérusalem-Ouest, selon une source policière. Il s'agit du second interrogatoire du Premier ministre en trois semaines dans cette affaire. Dès le premier interrogatoire, le 2 mai, il avait été dûment averti à l'instar de tout suspect, que tout ce qu'il pourrait dire pourrait être utilisé contre lui devant un tribunal. Formellement, le Premier ministre est soupçonné de «fraude» et «d'abus de confiance» et d'irrégularités dans le financement de campagnes électorales. M.Olmert s'est défendu en expliquant que l'argent versé avait servi uniquement à financer des campagnes électorales tout en proclamant qu'il n'avait pas «mis un sou dans sa poche». Néanmoins, il a annoncé qu'il renoncerait à ses fonctions s'il était officiellement inculpé. Lors de l'interrogatoire, le Premier ministre a tenté de convaincre la police que les sommes qu'il a reçues avant sa nomination comme Premier ministre, en 2006, ne constituaient pas des pots-de-vin, selon la radio publique. Il s'agit en particulier de plus de 100.000 dollars qui auraient été remis en liquide par Morris Talansky, un homme d'affaires juif américain, dont le témoignage sous serment a été reporté à mardi sur décision du tribunal du district de Jérusalem. Les avocats de M.Olmert se sont en vain opposés à ce témoignage, faisant valoir qu'ils n'ont pas eu le temps d'étudier le dossier. Les soupçons reposent, notamment sur le témoignage d'un avocat, Uri Messer, bras droit de M.Olmert alors qu'il était maire de Jérusalem puis ministre de l'Industrie et du Commerce (1995-2005). La police a également découvert des relevés de transferts d'argent qui auraient pu servir à financer, non seulement des campagnes électorales, mais aussi des voyages privés de M.Olmert, selon les médias. La situation du chef du gouvernement est de plus en plus délicate car il fait l'objet de trois autres enquêtes concernant des transactions immobilières douteuses et des accusations de nominations politiques abusives, alors qu'il était ministre de l'Industrie et du Commerce. Dans ce contexte, l'annonce de la reprise des négociations entre Israël et la Syrie a été accueillie avec un grand scepticisme par la classe politique et l'opinion publique en Israël, de toute façon plutôt hostiles à un retrait du Golan sans lequel un accord avec Damas est hors de question. M.Olmert s'est retrouvé accusé de relancer les discussions avec Damas pour détourner l'attention de l'enquête le visant, le chef de l'opposition de droite Benjamin Netanyahu, allant jusqu'à affirmer que le Premier ministre ne disposait «d'aucun mandat pour négocier». Selon le quotidien Jerusalem Post, des rabbins ultranationalistes juifs ont poussé M.Talansky à témoigner contre M.Olmert, en vue d'empêcher tout compromis de paix avec les Palestiniens. Selon un dernier sondage publié par le quotidien Yediot Aharonot, 61% des Israéliens estiment que M.Olmert n'a pas de mandat pour négocier du Golan, contre 37% de l'avis contraire. 51% des personnes interrogées «ne font pas confiance» à M.Olmert, 41% n'ont en lui «qu'une confiance limitée». La classe politique se prépare déjà à l'éventualité d'élections anticipées. Le chef du parti travailliste et ministre de la Défense, Ehud Barak, a affirmé qu'il prévoyait des élections anticipées, au plus tard, au début de 2009 alors que la législature se termine normalement fin 2010.