La ville s'est vidée de toute circulation automobile laissant place aux heurts entre les émeutiers et les forces de l'ordre. La nuit de lundi à mardi a été très mouvementée dans la ville d'Oran et ses alentours. Des supporters du MCO, chauffés à blanc, ont envahi plusieurs rues de la ville, à la suite de la relégation de leur club. Au total, 40 policiers ont été blessés et 57 personnes ont été arrêtées. Au plan matériel, les dégâts sont importants. Les jeunes déchaînés s'en sont pris à tous les édifices publics et privés. Près de 130 véhicules ont été saccagés. Deux agences de la Société Générale et celle de Algerian Gulf Bank «AGB» ont été endommagées et leur matériel informatique pillé. Des pylônes électriques, l'éclairage public et des mobiphones ont été dégradés. La devanture du cinéma «Le Maghreb» (Ex-Régent) a été détruite. Le siège du groupe de presse Echo d'Oran appartenant au président du MCO, Youcef Djebari, ainsi que la résidence de ce dernier situés à Hai Fellaoucen, ont été ciblés par des actes de vandalisme. Le siège du journal n'a dû son salut qu'à l'intervention rapide des forces de l'ordre. Le siège de la Cnep sis au centre-ville ainsi que le secteur urbain d'El Hamri n'ont pas échappé à ces actes de saccage. C'est dire que la violence a été «au rendez-vous» en cette maudite nuit de la relégation et les scènes de heurts et de pillages sont indescriptibles. Ces actes ont commencé quelques minutes après le coup de sifflet final de la rencontre ASO Chlef- MC Oran officialisant la relégation du club des Hamraoua en deuxième division. Les manifestants sillonnaient les différentes artères de la ville, cassant et saccageant tout sur leur passage. En un laps de temps, la ville est devenue méconnaissable. «Le sauve-qui-peut» annoncé a, alors caractérisé le centre-ville et ses alentours. Les rues huppées telles que Larbi Ben M'hidi et Mohamed Khemisti ont été désertées pour la première fois de leur histoire. Pas une seule voiture n'y circule, hormis celle des forces de l'ordre. La ville s'est vidée de toute circulation automobile laissant place aux heurts entre les émeutiers et les forces de l'ordre qui ont été dépêchées sur-le-champ. Tous les accès qui mènent vers le centre-ville d'Oran ont été fermés. Et les affrontements étaient des plus acharnés. Les commerçants ont baissé rideau, la circulation était difficile et les bus assurant les dessertes de plusieurs lignes ont pris la fuite de même que les taxis se sont fait rares. Les quelques véhicules qui ont osé braver «la marche des Hamraoua» ont dû payer cher leur obstination. Le centre-ville a été le point de l'entame des violentes émeutes. Selon des témoins oculaires, les manifestants auraient tenté de s'attaquer à l'Hôtel de ville qui abrite l'APC d'Oran dès les premières minutes du déclenchement de la furia des jeunes. Le siège de l'APC n'a dû son salut qu'à la présence des brigades antiémeute dépêchées sur les lieux. La violence a vite gagné les quartiers populaires, tels qu'El Hamri, Medioni, Ibn Sina (ex-Victor Hugo), Petit Lac, Les Castors. Dans les quartiers connus pour être le bastion du MCO, à l'image d'El Hamri, des scènes de violence ont émaillé la nuit de lundi à mardi. Aux desseins inavoués, l'intox a fait le tour de la ville. Une rumeur, des plus folles, fait état d'arrestations massives et sans distinction. Au moment des faits, un journaliste de l'Echo d'Oran a été interpellé et embarqué par les forces de l'ordre pendant qu'il couvrait les émeutes. La ville d'Oran n'a pas connu pareilles scènes de violences depuis Octobre 1988. Les Oranais, hébétés par cette montée phénoménale de la brutalité, sont gagnés par une vive panique tandis que la ville est quadrillée par un impressionnant dispositif de sécurité.