De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Hier encore, des émeutes ont été signalées dans différents endroits de la ville où les jeunes émeutiers continuaient d'affronter les forces de l'ordre et de semer la terreur chez une population plus que désemparée. Dans le centre-ville, plusieurs brasiers ont été allumés à la rue Larbi Ben M'hidi, à hauteur du passage Germain (couloir reliant la rue commerçante au marché de la Bastille) et à la place Victoire, interdisant tout accès à des automobilistes dont beaucoup se sont rués, dans un dangereux désordre, dans les ruelles menant au boulevard Front de mer et, de là, vers la route du port, relativement plus paisible. A Plateau St-Michel, quartier mitoyen de M'dina J'dida comme à El Hamri, d'autres mouvements étaient enregistrés où des jeunes, souvent des mineurs, jetaient des pierres et tentaient de tout casser sur leur passage. «Il est clair que cela dépasse désormais le cadre du sport, affirment beaucoup d'habitants. La relégation du MCO a été le détonateur d'un mal profond… Ces jeunes expriment leur mal-être et dénoncent la précarité de leur situation, alors que la fabuleuse richesse algérienne ne profite qu'à une minorité de privilégiés. Les émeutes durent quand même depuis trois jours.» Bien qu'ils vivent dans la peur et désapprouvent profondément les importants dégâts subis par la ville et les lourds désagréments causés aux habitants, beaucoup d'Oranais disent comprendre les raisons ayant poussé les émeutiers à pareille manifestation. «C'est el houkouma qui est responsable de cet état. Pas de travail, aucune perspective d'avenir. Il est normal qu'ils aient recours à la violence… c'est leur seul défouloir. Et d'ailleurs, pourquoi l'ENTV ne montre pas ce qui se passe ? C'est bien la preuve que les dirigeants se désintéressent de nos jeunes, non !» Ce plaidoyer est surtout fait par une centaine de familles qui se sont rassemblées, hier matin, devant le siège de la Sûreté de wilaya pour exiger la libération des leurs. «Beaucoup sont mineurs et n'ont rien fait de répréhensible ; ils sont détenus dans des conditions indignes», ont-il dénoncé en reculant, toutefois, devant les éléments de la police antiémeute jusqu'à une centaine de mètres de l'édifice officiel. «C'est une hogra, ont-ils encore dénoncé. Les conditions de détention de nos enfants constituent une totale violation des droits de l'Homme.» Les bilans s'alourdissent En trois jours d'émeutes, le nombre de blessés parmi les forces de l'ordre a atteint 147, alors que celui des émeutiers arrêtés était de 157. Ces bilans sont évidemment toujours provisoires, puisque les émeutes continuaient hier après-midi dans différents endroits de la ville. Non encore estimés, les dégâts matériels sont, sans doute, importants, puisque, en plus des destructions enregistrées lundi et mardi derniers (banques, CNEP, secteurs urbains…), la CNEP-Banque de Seddikia a été partiellement saccagée dans la nuit de mardi à mercredi derniers, et plusieurs magasins pillés. Dans une timide réaction à ces événements, l'exécutif communal s'est réuni pour réitérer la nécessité de faire fonctionner tous les services malgré les troubles. Il reste que les groupes d'émeutiers ont été infiltrés par des voleurs qui, encagoulés, sèment la terreur chez les particuliers et guettent la moindre occasion de piller et d'agresser. Ces encagoulés, dont certains sont munis de fusils à harpon, ont été signalés la nuit dans le quartier HLM-USTO (sortie est d'Oran) et dans le centre-ville. «Je les ai vus, ils marchaient à part, à l'affût de la moindre occasion de voler ou de piller», raconte un témoin, résidant dans le quartier de Saint-Pierre. De l'avenir du MCO Premier à réagir à la relégation du MCO, l'ex-président Kacem Elimam, en déplorant les violences enregistrées, n'a pas hésité à faire son offre de service. «Je suis prêt à revenir au MCO, à condition que l'AG se tienne avant le 15 juin afin que j'aie le temps de préparer mon programme», a-t-il déclaré, en imputant la catastrophe de la relégation à Youcef Djebbari, président, réfugié en Espagne d'après les rumeurs. «Djebbari n'est pas le seul responsable, rétorque un journaliste sportif. La FAF et la DJS le sont aussi.» Pour notre interlocuteur, ces deux institutions ont permis à Djebbari d'exercer alors qu'il n'en avait pas le droit. «Aucun document officiel de la FAF ne le reconnaît comme président du MCO et, par ailleurs, il est toujours sous le coup d'une suspension. Par quel tour de passe-passe a-t-il, malgré tout, assuré la présidence du MCO ?» Plus encore, en violation de tous les règlements, Youcef Djebbari n'a pas tenu l'AGO pour l'exercice 2006-2007, mais aucune instance officielle ne l'a rappelé à l'ordre. Ce qui, pour notre journaliste, traduit des complicités très actives au sein de la FAF et de la DJS. En tout état de cause, les prochains jours promettent des surprises puisqu'on s'achemine vers l'annulation du championnat 2007-2008 : une manière comme une autre de calmer la colère juvénile.