Bachar Al Assad, qui a reçu vendredi l'émir qatari, est attendu aujourd'hui aux Emirats et mardi au Koweït où il étudiera, avec ses hôtes, l'évolution de la situation dans la région. Ça bouge au Proche-Orient où la Syrie semble de nouveau au centre des alternatives pour le rétablissement de la stabilité dans l'échiquier politique régional. On songe évidemment à la crise politique libanaise dans laquelle Damas a, peu ou prou, joué un rôle de premier plan. Négatif pour l'Occident, stabilisateur pour des observateurs et analystes plus neutres. Ce retour en grâce de la Syrie est perceptible depuis l'Accord de Doha du 21 mai qui a permis, sous le parrainage de l'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, aux parties libanaises de parvenir à un consensus lequel va permettre, dans les prochains jours, la formation à Beyrouth d'un gouvernement d'union nationale. Ainsi, une certaine dynamique semble s'être enclenchée au lendemain de l'Accord de Doha - qui a en outre permis, après 18 mois de crise, l'élection de Michel Sleimane à la tête de l'Etat libanais - donnant à l'émir du Qatar de poursuivre sa médiation aux fins d'assainir, un tant soit peu, le climat qui entoure les relations régionales moyen-orientales. Mais cette sortie de crise libanaise n'aurait pu être possible sans l'accord, tacite ou non, de Damas. Aussi, dans cette conjoncture, notons la réception, vendredi, par le président syrien Bachar Al-Assad de l'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, avec lequel il a passé en revue l'évolution de la situation dans la région selon la télévision syrienne qui rapportait l'entretien entre les deux hommes. Donc, outre les relations bilatérales entre la Syrie et le Qatar, les deux dirigeants ont parallèlement abordé la situation au Liban après l'Accord de Doha et les suites qui allaient en découler ou en étaient attendues. La télévision syrienne a ainsi indiqué que les deux dirigeants ont examiné «les développements dans la région, des questions d'intérêt commun et sont convenus de poursuivre leur coopération et leur coordination au service des causes arabes». Dans cette soudaine bougeotte des dirigeants arabes, il est annoncé, pour aujourd'hui, une visite officielle du président syrien, Bachar Al Assad, aux Emirats arabes unis (EAU), à l'invitation de son homologue émirati, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane. Les deux dirigeants, indique l'agence émiratie, Wam, s'entretiendront «des développements de la situation aux plans arabe et international» et des relations bilatérales. Après les Emirats, le président Al Assad est attendu mardi au Koweït, annonçait vendredi l'agence koweïtie Kuna. Ce retour au premier plan de la Syrie est quelque peu synonyme d'un échec de la tentative d'isolement de Damas, à l'instigation de Washington, de la part de certains puissants Etats de la région, notamment l'Arabie Saoudite. Or, avant d'être syrienne, la crise politique qui a sévi au Liban est d'abord libanaise et seul un consensus inter-libanais donnerait les gages nécessaires pour une sortie positive de l'impasse où se trouvaient les classes politique et dirigeante libanaises. De là à dire que la Syrie n'avait pas influé sur le cours du jeu politique au Liban serait tout aussi faux, comme d'imputer à la seule Syrie, comme le font les Etats-Unis et la France notamment, la déstabilisation du Liban et la détérioration de la situation au pays du Cèdre. Il est vrai en revanche que la Syrie reste la clé de toute solution des contentieux régionaux, que cela soit dans la crise libanaise, le contentieux syro-israélien et/ou israélo-palestinien. S'il y a un fait à relever est l'équilibre régional qui tient plus au bon vouloir de la Syrie qui y joue un rôle stratégique important que des humeurs de l'Arabie Saoudite, laquelle en suivant, sans réserve, la politique américaine «d'endiguement» de Damas, a perdu de vue ses propres intérêts tout en se disqualifiant du processus de retour à la normale au Proche et au Moyen-Orient. Notons, de ce fait, les excellentes relations de la Syrie avec les émirats du Qatar, du Koweït et des EAU, tous membres et partenaires de l'Arabie Saoudite au sein du CCG (Conseil de coopération du Golfe que complètent le Royaume de Bahreïn et le sultanat d'Oman). Sur un autre plan, relevons que le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, reconduit par le président Sleimane, a entamé vendredi les premières consultations en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale de 30 membres dont 11 appartiendront à l'opposition et trois seront nommés par le chef de l'Etat, selon l'Accord de Doha du 21 mai. Ces consultations devaient s'achever dans la soirée d'hier, à l'issue desquelles le Premier ministre en présenterait les résultats au président Michel Sleimane. Hier, que ce soit parmi l'opposition ou la majorité, le ton était résolument à l'optimisme et d'aucuns estiment sérieuses les chances d'aboutir rapidement à un cabinet de consensus.