Dans ce documentaire, le cinéaste porte un regard saisissant et tendre, plein d'admiration à ces femmes, signant là, un des temps forts de ces rencontres placées sous le signe de la femme. La Maison de la culture, Taos-Amrouche de Béjaïa continue à fêter le cinéma, entre ses murs, en projetant des films et documentaires des plus éclectiques et en suscitant de plus en plus l'intérêt du public boujiote. Les ateliers et master class initiant les stagiaires à l'art de la réalisation sont les plus sérieux dans ce domaine. L'apprentissage se fait doucement et sûrement. On ne le dira jamais assez. Ces ateliers constituent le nerf de la guerre de toute rencontre cinématographique, même si il faut le reconnaître, quelques jours seulement ne suffisent pas pour tout maîtriser des rouages cinématographiques mais c'est bien un début pour inculquer ce virus de l'image. Le ciné-journal qu'encadre la pétillante Yasmine Chouikh en est la preuve patente de la vivacité de ces jeunes dynamiques assoiffés de cinéma qui caressent le doux rêve de se perfectionner dans ce métier si noble. Aussi, outre le long métrage La maison jaune de Ammor Hakkar, qui continue à glaner des prix et à être sollicité ça et là pour la simplicité du propos qu'il développe, la beauté et la poésie des images, un autre film, un documentaire celui-là, a bien nourri le débat à la suite de sa projection au cours de vendredi après-midi. Un débat riche et contradictoire entre femmes et hommes...Il s'agit d' Allez Yallah! De Jean-Pierre Thorn. Avec plusieurs documentaires au compteur, ce réalisateur signe ici une oeuvre utile qui traite de la liberté citoyenne des femmes et de leur mouvement actif pour arracher leurs droits. Ainsi, tourné au Maroc, en France et en Tunisie notamment, Allez Yallah! suit des femmes dans leur périple, que ce soit en bus, à pied, ou en taxi, ou encore sous des tentes dressées dans chaque localité, différentes et à même de dispenser aux femmes analphabètes savoir et conseils médicaux. Des femmes qui n'ont pas hésité à braver les dangers et sillonner les routes dans des caravanes, pour aller à la rencontre d'autres femmes comme elles. Allez Yallah! Accompagne, en effet des femmes de la Caravane des droits des femmes, laquelle a été conçue et organisée par La Ligue démocratique des droits des femmes (Lddf/Maroc). Musulmanes ou non, elles étaient toutes là pour prodiguer conseils, crier leur indignation, témoigner et contribuer ainsi à réveiller les consciences. Jeunes et vieilles, dans une ambiance de fête et de joie, elles se sont donné la main pour faire passer un message clair: non à la violence, à la misère, à l'assujettissement, à la hogra etc, en attendant que les autorités daignent les écouter...Virginité, égalité des sexes, affranchissement des codes sociaux «tribaux», dira cette femme médecin, française, qui affirme que le certificat de virginité est illégal en France, aussi problème socioéconomique, violence contre les femmes, montée de l'intégrisme dans les quartiers défavorisés en France...le film de Jean-Pierre Thorn brasse tout cela à la fois, une multitude de sujets, en rendant parfois le sujet ambigu et le propos du film assez flou et incohérent finalement. Tourné en 2004, ce film, sorti en 2006, n'a pu être tourné en Algérie, même s'il évoque notre pays en filigrane. Ces femmes représentantes du film se sont contentées de dire: «On n'a pas pu». Celles-ci sont Christine Chaumont et Atika Bouriyah de l'Association femmes contre les intégrismes, ainsi que Maya Azegag, d'Algérie, représentante de l'Association femmes en communication. «On défend la laïcité. Je suis athée mais je ne le crie pas sur tous les toits. je revendique seulement ma citoyenneté, donc mes droits. C'est l'utilisation maladroite de la religion, à des fins politiques, c'est ça ce que le film dénonce. Il ne critique pas l'Islam...Ce n'est pas l'objet du film, mais plutôt une ouverture vers le respect de l'autre» dira Christine. «Ce film sert à prévenir les femmes. C'est pour que ce qui s'est passé en Algérie, ne se produise pas au Maroc» dira une autre. Le film, certes d'actualité, pèche parfois par trop d'attention «pédagogique», le contraire de son but, en confrontant femmes émancipées et vieilles dépassées, qui sont là pour soutenir «leurs filles» de façon aveugle et non pas réfléchie. Cependant, au regard de la régression des mentalités, dans souvent des cas, suite à la tragédie nationale, ce film vient encore une fois, confirmer de la nécessité du combat des femmes, qui chez nous, un code de la famille baptisé de «l'infamie» renvoie les femmes, à l'époque moyenâgeuse comparé à celui de nos voisins maghrébins. Porté par une bande musicale signée entres autres, BAM et Sapho, le film se coule dans un moule vivant, étonnemment riche de propos contradictoires, comme celui-là complètement décalé de cette lycéenne qui affirme: «La femme n'est pas obligée de travailler ou faire des études et si mon mari me donne une claque, ce n'est pas grave»... Bref, on a tout entendu dans ce film, qui a choisi de finir avec cette image symbole de «conciliation» dans l'amour, à travers cette sculpture montrant deux corps, un homme enlaçant une femme...