Les contestataires exigent le limogeage du P-DG. La contestation des travailleurs est montée d'un cran au niveau de la Société des industries alimentaires et diverses (Siad) de Oued Smar, depuis plus d'une semaine. Le bras de fer avec la direction de l'entreprise prend de l'ampleur après le licenciement jugé «abusif» de 33 employés. A l'origine de cette tension, à en croire les contestataires, une lettre adressée par le syndicat de l'entreprise à l'inspection du travail et à l'union locale faisant état de la situation critique de l'entreprise et ce, depuis «l'installation du premier responsable, soit novembre 1999». Les contestataires exigent des explications sur les dépenses des fonds propres de la société, notamment l'argent de la vente de l'ancien siège qui s'élève à 13 milliards celle de la vente des biens de l'entreprise (camion, voiture, pièces de rechange), mais aussi les revenus «additifs» de la location «irrégulière» du hangar de la société. Une enveloppe qui «devait initialement servir au redressement de l'entreprise, par l'achat des matériels nécessaires», nous explique un représentant du syndicat de l'entreprise. Or, aucune augmentation de salaire pour les travailleurs qui évoluent dans de mauvaises conditions de travail et aucun investissement pour le renouvellement des équipements et installations vétustes n'ont été enregistrés alors que «le P-DG se permet d'acquérir un véhicule pour 710.000 DA, et d'octroyer une prime d'encouragement de 20% aux cadres dirigeants sans penser aux travailleurs», explique le groupe d'employés qui se rassemble quotidiennement devant le siège de la société depuis le 21 avril, en l'occurrence au lendemain de la décision de licenciement qui a touché des membres du syndicat et les signataires de ladite lettre. «Ces derniers ont été aussitôt remplacés par des employés recrutés sous les consignes directes du directeur». «Il est déplorable de constater qu'après vingt années de service, la direction décide de nous recomposer de cette manière», avance un quadragénaire. Les contestataires exigent une commission d'enquête afin de lever le voile sur ce qu'ils appellent des «dépassements graves et les résultats néfastes de la gestion de ce responsable qui ne pense qu'à ses intérêts personnels». Les 33 employés ne comptent pas baisser les bras et demandent le limogeage du P-DG. Contacté par nos soins, le P-DG nous renvoie à une autre lecture de ce mouvement de protestation qui «ne serait qu'une tentative visant à paralyser l'entreprise dans le but de stopper la production et l'entraîner à la faillite». Il évoque la manipulation externe ayant pour principaux protagonistes des ex-responsables «dont la gestion n'a pas été toujours correcte». Selon notre interlocuteur, le syndicat de l'entreprise n'est plus représentatif, dans la mesure où il n'a pas transmis les preuves de sa représentativité avant le 31 mars comme stipulé par la loi. De ce fait, l'union locale a pris la décision d'organiser le 21 avril un vote pour élire un nouveau bureau, ce qui a suscité le refus du groupe contestataire notamment la section syndicale de Kouba ayant chahuté les élections. Et c'est à la suite de l'arrêt de travail «illégal» que le premier responsable a pris la décision de licenciement. Une démarche qui, faut-il le rappeler, s'est faite avec l'aval de l'inspection du travail. «Le P-DG a recouru à des dispositifs légaux dans la mesure où ces contestataires n'ont avisé aucune des parties concernées de leur mouvement», nous dira un représentant de ladite inspection. «Les portes du dialogue demeurent par ailleurs ouvertes», selon le premier responsable de Siad, qui cite comme preuve «de cette bonne volonté», la réintégration de trois employés et la décision de refaire le vote syndical, sans pour autant arriver à dissuader les syndicalistes Affaire à suivre...