La tension monte d'un cran à la société briqueterie de Mila, à l'arrêt depuis un mois. La grève illimitée entamée le 25 mai 2006 a généré un préjudice financier de 9,367 MDA et un manque à produire de 5454 tonnes. « L'option de la grève illimitée, décidée à l'issue d'une assemblée générale et en présence d'un huissier de justice, s'est déclinée comme l'ultime alternative pour la sauvetage de l'unité », nous affirment des cadres syndicaux rencontrés sur place. Les 114 travailleurs de la Société briqueterie de Mila (SBM) ayant pour vocation la fabrication de la brique creuse et la brique de chaulage de puits et relevant du groupe EPRE-Est basé à Batna, s'insurgent globalement contre « la mauvaise gestion, l'abus d'autorité, les promotions laxistes et les sanctions arbitraires du directeur général », ajoutent nos interlocuteurs. Cependant, l'exigence de faire de son départ un préalable incontournable est manifestement la goutte qui a fait déborder le vase. Loin d'en démordre pourtant, le DG que nous avons pu joindre par téléphone, battra en brèche (la validité ?) du préavis de grève et obtiendra gain de cause suite à une procédure en référé engagée auprès du tribunal de Mila (jugement du 10 juin 2006). La grève étant déclarée illégale, le collectif des travailleurs décidera de la reprise du travail le 17 juin. Mais mal lui en prit, puisque aux dires de quelques syndicalistes, des instructions fermes s'opposant au pointage des ouvriers auraient été données par la direction qui aurait en outre déclenché des mesures punitives en résiliant les contrats de 10 agents vacataires grévistes. A l'heure qu'il est, le bras de fer se radicalise et le climat de tension ne paie pas de mine. Les contestataires font acte de présence sur les lieux de travail, mais refusent de reprendre le chemin des ateliers. Ont-ils pour autant tiré les marrons du feu en se montrant intransigeants sur la revendication majeure de précipiter vaille que vaille le départ du premier responsable de l'entreprise au motif qu'il bénéficie d'une prime variable de 12%, entre autres avantages ? Certains membres du staff administratif affirment que les frondeurs ont fait fausse route en fouinant dans des prérogatives inhérentes au statut d'un cadre dirigeant, à défaut de se préoccuper de la gestion interne de l'unité ou de s'enquérir de l'évolution des ratios de production. Les deux parties en conflit campent en tout état de cause sur leurs positions. Toute la question est de savoir jusqu'où ira cette terrible épreuve de force.