Sur les 157 élus des législatives en 1997, 17 ont quitté le parti. «Finis les aller-simple pour Alger», avait déclaré le secrétaire général du RND, M.Ouyahia, à l'adresse des députés à l'occasion d'une rencontre ordinaire. Le message était lancé et le débat était ouvert entre les frondeurs et leur chef. La plupart des députés, qui n'ont pas été retenus dans la liste des candidats du RND pour les législatives, ont été en réalité écartés par la base. C'est ce qui ressort d'un rapport accablant qui a été établi sur le bilan de ces députés qui ont été plus proches de leurs intérêts que de ceux des citoyens qui les ont élus en 1997. Ce rapport indique qu'en réalité 86 députés, seulement, ont été écartés des listes, sur les 140 députés restants au mois d'avril 2002. 26 députés ont été retenus sur les listes des candidats du parti pour les élections et 28 ne se sont pas portés candidats. Sur les 157 députés des législatives de 1997, 17 ont quitté le parti, 6 y ont été exclus, 9 y ont démissionné et 2 n'y ont pas été replacés. Sur les 86 députés qui n'ont pas été retenus et qui aujourd'hui essayent de faire front contre Ouyahia, 22 ne répondent pas aux critères d'éligibilité: 1 pour niveau insuffisant (primaire), 4 pour âge dépassant les 60 ans, 2 pour non-paiement de leurs cotisations, 2 ne relevant pas de la wilaya de candidature (Tipaza). 11 députés n'ont pas été retenus pour avoir fait l'objet d'une information judiciaire ou d'une poursuite judiciaire. Deux députés ont déjà fait l'objet de condamnation pour faits relevant du pénal. Un élu aurait même été condamné pour n'avoir pas payé la pension alimentaire de sa première épouse et un autre aurait détourné de l'électricité à son profit et condamné par la Sonalgaz. Pour les 64 autres restants, leur mise à l'écart a été surtout prise sur l'avis de la base militante du parti réunie par les coordinateurs de chaque wilaya. Il reproche notamment à ces députés d'être toujours absents de leur localité et de n'être présents que pour leurs affaires ou pour suivre le ministre dans ses déplacements. «Ils ne sont là, ni pour les enterrements, ni pour les fêtes, ni pour écouter les doléances des citoyens», affirme un coordinateur de wilaya du parti sur le bilan d'un député du Centre. Dans certains cas, l'objection de la base militante contre ces candidatures se trouve renforcée par le niveau de leur rendement au sein de l'APN. A ce sujet, l'exploitation des procès-verbaux de l'Assemblée fait ressortir que 56 de ces candidats n'ont pas pris la parole plus de 10 fois en plénière durant cinq ans. Plus exactement: 35 ont pris la parole 5 fois durant cinq années à la plénière, 16 ne l'ont jamais prise durant toute la législature et seulement 5 l'ont prise une seule fois durant cinq ans. Parmi ceux qui mènent la fronde contre Ouyahia, on signalera que M. Nouasri Aïssa rejeté par sa base à Sétif et qui est rentré en dissidence avec le parti en 1999, n'a pris la parole que 3 fois à la plénière de l'APN durant cinq années. Même constat fait chez Kassem Kébir rejeté par sa base à Tindouf (il est originaire d'Adrar) qui n'a pris la parole que 2 fois à la plénière de l'APN durant cinq années. Il faut noter qu'il a fait quatre mandats de député. Il a été élu au FLN pour deux mandats, député au CNT et enfin député du RND. Même cas pour Amrani Hafnaoui qui était député FLN au CNT puis du RND. Ouyahia s'est débarrassé de ses députés pour donner la chance à la jeunesse et à d'autres figures du parti de s'affirmer sur la scène politique. Il est clair que la mise à l'écart de ces élus obéit plus à des revendications de la base qu'à une politique initiée par le SG du parti. En procédant de la sorte, Ouyahia a évité de transformer une tempête dans un verre d'eau en un ouragan dans un océan. En effet, en perdant le soutien de certains cadres du parti, il gagne en revanche la reconnaissance et l'appui de la base face à sa guerre contre les islamistes. Ouyahia a aussi prouvé par son action que certains députés n'ont aucun esprit partisan, n'ont adhéré au parti que pour leurs intérêts personnels et qui, de ce fait, ne méritaient pas leur place dans le parti. Pour preuve, le départ de certains députés qui n'ont pas hésité à payer 50 millions de centimes pour être têtes de liste dans d'autres partis. C'est le cas du député de Médéa et de Aïn Témouchent qui ont décidé d'intégrer des petits partis rien que pour rester élus de la région. D'autres bénéficiant de la complicité de certains walis se sont présentés comme candidats indépendants. Le wali de Skikda par exemple appuie toute personne qui est contre le RND. En définitive, cette grande lessive permettra au parti de redémarrer à zéro et d'entamer le dernier virage des élections en toute sérénité et quiétude.