Le Rassemblement national démocratique subit les contrecoups de sa déroute électorale Plusieurs militants, rencontrés au lendemain des élections, n'ont pas manqué de dire que les raisons de la défaite sont à rechercher dans les conditions qui ont donné naissance au parti. Les avis des uns et des autres convergent pour souligner que le RND a été miné par les contradictions qu'il porte en lui. La politique des quotas avait précipité dans ses rangs des individus sans aucune formation politique et beaucoup plus intéressés par une ascension sociale que par une carrière politique. Plusieurs militants n'hésitent pas à citer des noms d'élus qui s'étaient retrouvés, grâce à la fraude électorale de 1997, propulsés vers des postes qu'ils n'avaient jamais rêvé d'occuper. Cette situation, au lieu de servir le parti, a battu en brèche sa cohésion et jeté un voile de suspicion sur tous les militants. L'idée d'intégrer «le RND pour se servir plutôt que servir», était devenue le slogan brandi par les autres formations politiques pour le casser. Les scandales à répétition dans lesquels étaient mêlés les élus locaux du RND, ont fini par jeter le discrédit sur la formation qui, pour préserver la cohésion de ses rangs, a préféré taire des scandales et renvoyer tous les clans à leurs pénates. Les secousses subies avec la destitution de Tahar Benbaïbèche et les défections de plusieurs députés à l'occasion de la campagne pour la présidentielle ont accentué les failles dans cette formation politique qui devait faire avec une base frondeuse outrée par le comportement de certains élus. Le nombre de présidents d'APC RND emprisonnés, les membres des assemblées locales entendus par la justice, les retraits de confiance devenus pratique courante dans les assemblées ont fragilisé l'édifice que tentait de préserver Ouyahia pour ne pas compromettre son avenir politique ou celui de sa formation. Même des députés, pourtant couverts par une immunité parlementaire qui les avait mis à l'abri de poursuites judiciaires, n'ont pas échappé à la vindicte de leur base. La confection des listes électorales pour les dernières législatives au lieu de consolider la position de M.Ouyahia, a agrandi les clivages et grossi les rangs de ses adversaires. C'est dire que la cassure a été ressentie tant au niveau de la base qu'au niveau de la direction. Plusieurs militants ont exprimé ouvertement leur rejet des options de la direction et pour mieux l'exprimer, ils n'ont pas hésité à faire ouvertement campagne contre certains de leurs pairs. Aujourd'hui, il paraît clair que les jours de M.Ouyahia à la tête du RND sont comptés et il que l'avenir de cette formation soit compromis à moins d'un sursaut qui pourrait recentrer sa ligne politique et remettre de l'ordre dans la maison.