Le Conseil de sécurité a prolongé, mardi, de trois mois le mandat de la mission des Nations unies. Le Conseil de sécurité par la résolution 1406, votée mardi, a prolongé jusqu'au 31 juillet, le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Cette décision, qui n'empiète pas sur le droit des Sahraouis à s'autodéterminer, était attendue, d'autant plus que l'option dite «accord-cadre» ne pouvait être une solution juste ou conforme aux droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le Maroc a tenté le tout pour le tout pour faire avaliser par le Conseil de sécurité le fait accompli de l'occupation des territoires sahraouis par l'armée marocaine. D'où les pressions de Rabat, qui a rameuté ses amis, à faire conforter ses prétentions sur le Sahara occidental. Dès lors, Mohamed VI et ses sponsors doivent-ils améliorer leur dossier, notamment par le respect du droit du peuple sahraoui à exprimer en toute liberté et dans la transparence son choix pour son devenir. Aussi, la prorogation du mandat de la Minurso pour trois mois donnera-t-elle le temps aux experts du Conseil de sécurité d'approfondir l'étude des quatre options proposées par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et permettra à l'ONU de prendre la décision la plus conforme à l'éthique et au droit et qui préserve autant les droits du peuple sahraoui (et partant ceux du Maroc) que la crédibilité d'une organisation qui ne s'est pas toujours montrée en phase avec ses statuts, ni ferme dans ses convictions. Ainsi, appartient-il toujours à l'Organisation des Nations unies d'achever la décolonisation du Sahara occidental, comme elle a su le faire si bien au Timor oriental, ne serait-ce que pour prouver que, dans un monde dominé par le droit des plus forts, les faibles ont encore une chance de se faire entendre et protéger par l'auguste assemblée. Il serait tout à l'honneur de l'ONU que de faire respecter ses propres principes en organisant le référendum au Sahara occidental, seul moyen équitable de rendre justice au peuple sahraoui. Exprimant sa satisfaction après le vote de la résolution 1406, le coordonnateur du Front Polisario avec la Minurso, M'hamed Kheddad, indique qu'en renouvelant le mandat de la mission de l'ONU, «le Conseil de sécurité a refusé la démarche visant à lui imposer l'option d'accord-cadre stipulant une pseudo-autonomie pour le Sahara occidental, comme seule voie de règlement du conflit(...)», ajoutant: «En décidant de s'octroyer un délai de réflexion de trois mois, le Conseil de sécurité a voulu donner un signal fort qu'il n'accepte pas d'endosser, dans la précipitation, une option qui ne bénéficie pas de l'appui de toutes les parties, ni de la très grande majorité des membres du Conseil.» M.Kheddad prend, par ailleurs, acte des précisions apportées par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, M Baker, indiquant: «Le Front Polisario se félicite des clarifications apportées par l'envoyé personnel du secrétaire général au sujet de rumeurs faisant état de son éventuelle démission. Nous voulons, à cette occasion, lui réitérer notre plein appui pour ses efforts à mener à son terme le processus de décolonisation du Sahara occidental.» L'adoption à l'unanimité par le Conseil de sécurité, de la résolution sur le renouvellement du mandat de la Minurso met en stand-by le dossier sahraoui, tout en donnant à tous le temps de se préparer à l'incontournable débat de fond qui ne peut faire l'impasse sur le droit du peuple sahraoui à bénéficier de l'organisation d'un référendum d'autodétermination, - pour qu'il puisse exprimer son choix - à l'instar de ce que l'ONU a réalisé pour le peuple du Timor oriental.