Poursuivis jusqu'à l'intérieur de leurs maisons, les manifestants se sont réfugiés sur les hauteurs de la ville. La colère semble être montée d'un cran au sein de la ville côtière de Sidi Ifni, située à quelque 700km de la capitale marocaine (Rabat). Les forces de police ont cependant réussi à mettre en échec les nombreuses tentatives de relance des manifestations. Les émeutiers qui sont pourchassés jusqu'à l'intérieur de leurs demeures, n'ont trouvé d'autre alternative que de se réfugier sur les hauteurs de la ville. Selon la presse marocaine, ils seraient harcelés et encerclés par les forces antiémeutes déployées pour mettre fin à cette révolte. L'information parue dans les colonnes du quotidien indépendant marocain Le soir se confirme: «Tabasser aveuglement des chômeurs et violer l'intimité de leurs maisons sont dans les conditions actuelles, une aventure aux conséquences incertaines.» A ce rythme, quelle tournure prendront ces événements? La presse locale semble craindre le pire. La violence des affrontements a été confirmée par de hauts responsables de la police. Ils reconnaissent que leurs éléments sont allés trop loin. C'est ce qu'a rapporté le quotidien Al Ahdath hier, dans ses colonnes. «La ville de Sidi Ifni a connu certains dépassements. Plusieurs citoyens victimes de destructions ou de pillages de leurs biens, bijoux et argent notamment, commis par les policiers.» Ces actes de vandalisme commis par les forces de l'ordre marocain ont mobilisé de nombreux parlementaires. C'est le cas du président du groupe des élus du PJD, le Parti de la justice et du développement, Mustapha Ramid, annonce qu'«une commission parlementaire pourrait être constituée afin de se rendre à Sidi Ifni et s'enquérir des faits survenus dans cette ville», a indiqué, hier, le quotidien arabophone Al Tadjdid. Son groupe se déplacera sur place si le Parlement refuse la constitution d'une commission, a tenu à préciser le chef de groupe du PJD. La situation semble être de plus en plus préoccupante à travers le Royaume chérifien. «Ce qui s'est passé à Sidi Ifni reflète la poursuite et l'escalade de l'approche sécuritaire dans le traitement des problèmes sociaux que connaissent les régions marginalisées du Maroc, comme Sefrou et Jerada», a indiqué le vice-président, M.Abdelhamid Amine, de l'Association marocaine des droits de l'homme. L'Organisation démocratique du travail (ODT) à travers son bureau national, «exprime sa solidarité totale avec les tribus des Aït Baâmrane et les citoyens de Sidi Ifni, dénonce la répression sauvage qui s'est abattue sur les habitants et rejette la poursuite des atteintes aux droits de l'homme et les violations des libertés publiques». Le gouvernement marocain, s'il a reconnu que les affrontements se sont soldés par un bilan de 44 blessés, dont 27 policiers et 20 arrestations, a catégoriquement démenti la mort de manifestants dans le port de pêche de Sidi Ifni. La chaîne satellitaire qatarie, qui s'est empressée de livrer cette information, est sommée par Rabat de s'excuser publiquement. On ne mord pas la main qui nous nourrit. Al Jazeera vient de l'apprendre à ses dépens. Après avoir fait les yeux doux et déroulé le tapis rouge à cette redoutable «arme médiatique», les autorités marocaines s'en prennent à elle, alors qu'elles la croyaient entièrement acquise à leur «cause». Al Jazeera, qui est prête à marcher sur tous les cadavres sans aucun remord, doit prêter allégeance ou plier bagage.