Le livre peut-il échapper au marasme qui afflige l'ensemble de la culture en Algérie? C'est la question qui planait lors de la rencontre initiée par le Syndicat des éditeurs de livres nouvellement réélu et présidé par M.Smaïn Ameziane, directeur de Casbah éditions, avec la ministre de la Culture Mme Khalida Toumi. Beaucoup de problèmes ont ainsi été exposés par les éditeurs à la représentante du gouvernement. Le tout dans une ambiance que les éditeurs voulaient conviviale. Donc avec la sérénité qui sied aux gens de la culture. Pourtant, les griefs ne manquent pas. Fiscalité trop lourde pour un produit d'intérêt général. Diffusion chaotique et onéreuse. Prix de revient alourdi par les taxes sur les intrants. Autant de questions qui préoccupent les éditeurs et pour qui la ministre de la Culture n'avait malheureusement pas de réponse toute faite. Pour la simple raison que les problèmes cités relèvent de plusieurs secteurs ministériels qui n'ont pas forcément une vision culturelle affirmée pour accéder aux réclamations des gens du livre. Une situation qu'aggravent toutes les résistances bureaucratiques dont le pays souffre et qui n'épargnent aucun secteur. Malgré tout, la ministre s'est voulue rassurante en annonçant quelques pans de son programme, qui touchent directement la promotion du livre. Comme cette demande de réserver un local pour en faire une librairie-papeterie parmi les cent prévues par le gouvernement pour chaque commune à destination des jeunes. Ce qui, si l'idée est retenue, donnerait 1541 nouvelles librairies dans le pays. Le tout est de convaincre les jeunes à accepter ce type de commerce peu attractif, dans l'état actuel des choses, face aux profits générés par les fast-foods et autres taxiphones. Khalida Toumi leur a également annoncé la création prochaine du Centre national du livre qui oeuvrera à la promotion de la création littéraire. Un autre point inattendu a été soulevé par les éditeurs: celui de l'exportation du livre algérien. Selon certains d'entre eux, nos livres sont très prisés dans certains pays comme le Canada ou le Sénégal. Ces mêmes éditeurs déplorent l'absence d'encouragement des autorités à ce type d'exportation. De l'export à la participation aux différents Salons internationaux du livre qui induisent des frais en devises, il n'y avait qu'un pas que les éditeurs ont vite franchi. Ils estiment que les frais nécessaires pour leur participation à de telles manifestations sont trop lourds à supporter. La ministre de la Culture leur a proposé de «couper la poire en deux». Que les éditeurs prennent en charge les frais d'installation des stands à l'étranger tandis que le ministère de la Culture est disposé à prendre en charge les frais de transport tant des personnes que des livres. Pour une première rencontre de ce genre, tout le monde semblait satisfait. Les éditeurs, pour l'oreille attentive que leur a prêté la ministre d'autant qu'elle même est écrivain. De son côté, Khalida Toumi a réussi à semer l'espoir dans une corporation qui se débat face à un environnement marqué par un grave désintéressement de la chose culturelle. Que ce soit, en effet, pour le livre, pour le théâtre ou pour le cinéma, l'urgence des urgences est de trouver la ou les solutions pour susciter la demande. Créer le marché. Inventer la «consommation» pour ce type de produits. L'entreprise n'est pas mince. Pour l'heure, il n'est question que de l'offre. Nos éditeurs ont bien du mérite à s'accrocher malgré tout.