Plus de 22.000 consommateurs de différentes drogues, ont été poursuivis en justice ces dix dernières années. L'Algérie sombre de plus en plus dans la spirale du trafic de drogue. Le constat dressé par le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue (Onlcd), Abdelmalek Sayah, est plus que jamais inquiétant. «Il existe actuellement plus de 6000 trafiquants de drogue en Algérie», estime M.Sayah. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, le directeur général de l'Office national de la lutte contre la drogue a souligné que «l' on assiste ces dernières années à une augmentation vertigineuse du trafic de la drogue en Algérie». Chiffres à l'appui, il indique que, entre 1998 et le 1er trimestre 2008, plus de 22.000 consommateurs de différentes drogues, ont été poursuivis en justice. Les choses prennent autant plus d'ampleur que l'Algérie est en passe de devenir un pays producteur de drogue. Selon le premier responsable de l'Onlcd, plus de 34 hectares, destinés à la plantation du cannabis, ont été découverts par les différents corps de sécurité. En dépit de cette superficie que d'aucuns qualifient de grande, Abdelmalek Sayah la minimise. «Cette superficie est infime comparativement à celle qu'on re-trouve au Maroc, et qui est estimée à plus de 134.000 hectares!» indique-t-il. Toutefois, le pire est à craindre. Et pour cause: «Les Marocains qui, autrefois, refusaient de vendre les semences aux trafiquants algériens, consentent d'en vendre à présent.» Ce qui, tout de même, écarte du revers de la main la thèse selon laquelle l'Algérie demeure un pays par lequel transitent des grandes quantités de drogue. Ainsi, l'ancienne donne disparaît pour laisser place à une nouvelle, plus dangereuse que la précédente. Le danger est d'autant plus à appréhender que les agriculteurs algériens découvrent le gain facile, à ramasser en versant dans la culture du pavot et du cannabis. Et devant la situation difficile que traverse le secteur de l'agriculture, tous les indices affirment que la culture de la drogue prendra largement le dessus sur les autres plantations. Cette donne, Abdelmalek Sayah ne l'écarte pas. Et pour étayer sa thèse, il précise: «Les agriculteurs algériens se consacrent de plus en plus à la plantation du tabac, au détriment des autres cultures». Il faut rappeler, dans ce contexte, les nombreux espaces réservés à la plantation du cannabis, découverts par les unités de la gendarmerie, à travers le territoire national. Aucune région n'est épargnée. Que ce soit dans le Sud (Tindouf, Adrar, Bechar), à l'Est (Batna) ou au centre du pays (Béjaïa et Tizi Ouzou), les Algériens se mettent de plus en plus à la culture de pavot ou du cannabis. Le gain est certes facile, mais les conséquences que cela peut engendrer sur la société sont catastrophiques. Le danger devient imminent lorsqu'on sait que la consommation de la drogue se propage pour atteindre les établissements scolaires. «Dans ces lieux, la consommation des psychotropes est susceptible d'augmenter, notamment lorsqu'on sait que les élèves s'adonnent à ce genre de pratiques dans des lieux échappant à tout contrôle, comme les toilettes et autres espaces isolés et où ils ne seront pas découverts», souligne le directeur général de l'Office national de la lutte contre la drogue. Ce dernier a indiqué que même les femmes se sont mises à la consommation des psychotropes, mais leur taux ne dépasse pas les 5%. Par ailleurs, pour venir à bout de ce phénomène dévastateur, Abdelmalek Sayah a estimé que l'ensemble des Algériens devront contribuer pour épargner au pays une catastrophe sérieuse. Aussi, souligne-t-il que le nouveau plan quinquennal d'orientation, qui s'étale de 2009 à 2013, sera mis sur rail après la fin de l'étude entamée par l'Office national de la lutte contre la drogue. Cette étude concerne près de 45.000 jeunes, et 10.000 familles.