Après Alger, l'Ouest accuse les coups des terroristes. Les ratissages se poursuivent. Une source proche des services de renseignement a indiqué à l'agence Reuters que «tous ces massacres ont été perpétrés par le même groupe de rebelles qui avait échappé aux opérations de répression conduites par l'armée». Selon cette source, les attaques successives qui se sont déroulées dans la région de Tiaret sont destinées à déstabiliser le gouvernement dans la perspective des élections législatives du 30 mai. «Ils veulent montrer aux Algériens que le gouvernement n'est pas parvenu à ramener la paix et que leur vote de 1997, destiné à mettre fin au conflit, n'a en réalité conduit qu'à plus de violences et de massacres et qu'il en sera de même avec les résultats du scrutin du 30 mai», a ajouté cette source. En 10 jours, 45 assassinats ont été perpétrés dans la région de Tiaret. Alors que depuis le début d'avril, près de 90 personnes, dont une vingtaine de militaires du contingent, ont été assassinées dans ces régions de l'Ouest. Dans la région de Tiaret, quatre personnes ont été tuées et trois blessées, le 26 avril à Mechraâ Sfa. Seize personnes, dont huit enfants et quatre , le 24 avril à Feidja trois bergers ont été égorgés le 21 avril à Si Abdelghani. Sept personnes ont été assassinées et quatre blessées, le 20 avril à Sidi Okacha près de Ténès, région voisine de Aïn Defla. Sept personnes ont été assassinées à Lahmama, le 10 avril, dans cette même région. Une embuscade meurtrière a été tendue à une patrouille de l'armée, le 2 avril, tuant 21 militaires du contingent dans la région de Saïda. Dans la même période, la campagne d'attentats à la bombe a curieusement cessé. Aucune source sécuritaire n'évoque pourtant le démantèlement de l'atelier qui aurait approvisionné la cellule terroriste d'Alger de quantité industriel d'engins explosifs. Presqu'une vingtaine de bombes ont explosé ou ont été désamorcées en l'espace de dix jours. Le 18 mars, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, avait déclaré sur les lieux de l'explosion d'une bombe devant la Grande-Poste d'Alger que les auteurs de l'attentat à la bombe «visent à perturber le déroulement des prochaines législatives». Avant-hier, et au terme de la réunion entre les walis et le gouvernement, présidée par le Président Bouteflika, le même ministre assure que les meures prises «garantissent la sécurité aux citoyens le jour du scrutin». D'ici là, nous n'avons qu'à bien nous tenir. Les ratissages répétitifs dans la région Ouest, dans une région au relief plat et déboisé, se poursuivent. Les massacres aussi, particulièrement dans la zone réduite entre Ksar Chellala et Tiaret. Une grande partie des effectifs de l'ANP est le occupé à «(re)nettoyer» le maquis de Sidi Ali Bounab dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis plusieurs semaines. Les opérations de ratissage, les massacres et les signaux émis par le ministre de l'Intérieur se chevauchent en un inextricable puzzle. L'enjeu? Il semble se profiler autour d'un conflit fermé entre une puissance aussi tenace que tentaculaire qui tente d'annuler les élections et à une autre force politique qui insiste sur leur tenue. Le décomptage des victimes, lui, se poursuit.