La plupart des journaux français ont choisi le camp Chirac, alors que Le Pen dénonce les préparatifs «d'une fraude géante». Après le scénario inédit du premier tour de la présidentielle, les Français éliront, aujourd'hui, le président de la République. Les deux candidats ont clôturé, vendredi, leur campagne de l'entre-deux tours. Jacques Chirac, intransigeant à l'endroit de son adversaire Jean-Marie Le Pen, a mis en garde contre la tentation du vote blanc, estimant qu'il n'était pas «une expression responsable dans une démocratie». Le président sortant a dénoncé les idées de son adversaire, qu'il n'a jamais nommé durant la campagne et dont il se dit «l'ennemi personnel». Le séisme politique provoqué par la qualification au deuxième tour de Jean-Marie Le Pen au détriment de Lionel Jospin a mobilisé la plupart des responsables politiques, sociaux, culturels et sportifs. Ils se sont tous prononcés pour faire barrage à la montée de l'extrême droite. Se joignant à cette mobilisation, la presse française a, une fois n'est pas coutume, fait fi de sa neutralité et a appelé à voter pour Jacques Chirac, aujourd'hui. Sous la plume de son directeur Jean-Marie Colombanie, Le Monde a appelé à «voter Chirac pour écarter Le Pen». Le parton du quotidien de gauche, Libération, Serge July, estime pour sa part qu'«après l'implosion du premier tour, la gauche doit faire volte-face et faire voter massivement pour Jacques Chirac.» «Sans état d'âme ni regret et sans l'ombre d'une hésitation, le groupe Le Figaro, votera pour Chirac», a écrit Le Figaro. Le quotidien populaire Le Parisien a emboîté le pas à ses confrères en apostrophant: «Ne jouons pas avec la démocratie, votons pour elle.» De grands magazines ont également choisi le camp Chirac comme Le Nouvel observateur, Paris Match, L'Express et Télérama. De son côté, le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen a dit son inquiétude devant «l'opération probablement géante de fraude électorale qui se prépare». Le président du Front national, qui a recueilli 16,86% des suffrages lors du premier tour, a estimé que moins de 30% des votes, aujourd'hui, seraient pour lui un échec. «Je ne serais pas surpris d'avoir 51%», a-t-il déclaré lors de sa dernière conférence de presse, vendredi. Cependant, face à cet optimisme «électoraliste», le candidat Le Pen fait agiter le syndrome d'une fraude électorale. «Nous nous attendons à une entreprise de fraude énorme, gigantesque», a-t-il affirmé. En outre, le rival de Chirac a dénoncé une «campagne de haine, de mensonges et de diffamation» dirigée contre lui, son parti et ses électeurs depuis le premier tour de l'élection présidentielle. «Aujourd'hui, je suis le droit contre la violence, j'incarne la légitimité contre l'esprit factieux», a-t-il déclaré aux journalistes réunis à son QG de Saint-Cloud, près de Paris.