Près de 9000 personnes ont manifesté dimanche, en solidarité avec les victimes des événements du 7 juin. 22 juin 2008. De nombreux autobus affluent de plusieurs villes du territoire du Royaume chérifien. Ils prennent la direction de la ville côtière de Sidi Ifni, située à quelque 700km de la capitale marocaine (Rabat). Partis politiques, syndicats, organisations non gouvernementales (ONG) ont répondu massivement à l'appel de l'association Attac Maroc. La veille, des rumeurs insistantes font état de «mesures d'interdiction de ces caravanes de la solidarité». La manifestation prévue pour le lendemain est pacifique, mais elle pourrait déraper à la moindre étincelle. L'affrontement sera-t-il évité? Les rues des quartiers de la ville de Sidi Ifni sont inondées de manifestants qui y déambulent. Des slogans sont brandis et fusent. Ils revendiquent la libération des émeutiers faits prisonniers, l'extinction des poursuites contre les jeunes gens qui ont pris la fuite. Certains d'entre eux sont portés disparus. Les manifestants demandent que la lumière soit faite sur leur sort. Les atteintes graves aux droits de l'homme sont dénoncées. «Le samedi noir» reste tristement gravé dans toutes les mémoires. Des photographies circulent. Témoignages de la brutalité policière et de la dureté de la répression qui ont suivi les émeutes du 7 juin. Selon le quotidien arabophone El Massae, les manifestants auraient aussi exigé que les membres des forces de l'ordre auteurs de dépassements, lors de leur intervention pour rétablir le calme au niveau du port, soient jugés. Le même média de la presse écrite marocaine rapporte que «deux officiers des forces auxiliaires ont été suspendus de leurs fonctions». La mesure a été prise dans le cadre de témoignages qui ont fait état de vols, de tortures et d'agressions sexuelles. Une manifestation a été organisée à Madrid en écho à celle d'Ifni. C'est le journal Al Maghribya qui rapporte l'information. Il cite sa source: des militants de l'association de Attac Maroc. Ils indiquent que plusieurs émigrés marocains, originaires de la tribu des Aït Baâmrane, ont observé un sit-in au niveau de l'ambassade du Maroc, dans la capitale espagnole, en solidarité avec la population de la ville de Sidi Ifni. L'association Attac Maroc a, en outre, exigé que soit relâché son responsable local, arrêté et sévèrement inculpé de «constitution de bande criminelle, attroupement armé et désobéissance civile», a indiqué Al Maghribya. Des organisations de défense des droits de l'homme se déplaceront à Sidi Ifni à la fin du mois en cours pour recueillir les témoignages des victimes des émeutes. Pour rappel, la population, dont les commerçants de la ville de Sidi Ifni, avait observé une manifestation pacifique ainsi qu'une grève générale, le jeudi 12 juin, pour condamner les arrestations arbitraires et les dépassements qui ont sanctionné les émeutes du 7 juin. Des vêtements aux couleurs noires ont été arborés par les manifestations en signe de deuil. Malgré d'insistantes pressions, les commerçants ont baissé rideau. «La grève a été suivie dans toute la ville», a souligné le journal Al Tajdid. Un vaste mouvement de solidarité a pris naissance, alors que Sidi Ifni panse encore ses blessures.