Les ministres des Affaires étrangères du G8 se réunissent à partir d'aujourd'hui au Japon avec des discussions sur la Corée du Nord, qui doit remettre une déclaration très attendue sur ses programmes nucléaires, où seront également abordés l'Iran et la crise au Zimbabwe. Les chefs de la diplomatie des huit pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) vont se retrouver pendant deux jours, dans l'ancienne capitale impériale, Kyoto (ouest), pour préparer le sommet du G8 qui se tiendra début juillet dans le nord du Japon. Le gouvernement japonais, qui prône une politique de fermeté à l'égard du régime communiste nord-coréen, espérait profiter de cette rencontre pour convaincre la communauté internationale d'augmenter la pression sur la Corée du Nord et l'Iran afin que ces deux pays renoncent à leurs programmes nucléaires. «Nous pensons que le G8 devrait envoyer un message très fort demandant à la Corée du Nord de respecter ses engagements sur l'abandon de toutes ses armes nucléaires», a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, Masahiko Komura, lors d'une conférence de presse, mardi. Mais les derniers développements concernant la crise nord-coréenne ont bouleversé ces plans et les espoirs de Tokyo risquent d'être déçus. La Corée du Nord devrait, en effet, remettre aujourd'hui, avec près de sept mois de retard, une déclaration détaillée sur ses installations nucléaires et sur les quantités de plutonium qu'elle détient, conformément à un accord conclu par six nations: les deux Corée, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Russie. Pyongyang a annoncé hier, qu'un haut responsable américain assisterait à la démolition symbolique, prévue demain, de la tour de refroidissement du principal complexe atomique nord-coréen. Christopher Hill, principal négociateur américain à l'origine de l'accord conclu, l'an dernier, était attendu hier dans la soirée à Kyoto, un jour avant la venue de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. Les Etats-Unis ont, d'ores et déjà, promis de retirer la Corée du Nord de leur liste noire des pays soutenant le terrorisme en échange de cette déclaration. Une telle décision ouvrirait à ce pays exsangue l'accès à l'aide américaine et aux prêts internationaux. Le Japon, bien qu'allié des Etats-Unis, a tenté, en vain, de convaincre Washington de ne pas retirer le régime nord-coréen de sa liste tant que la question des Japonais, enlevés par les services secrets nord-coréens dans les années 70 et 80, ne serait pas réglée. Dans un geste de bonne volonté, la Corée du Nord a annoncé, au début du mois, qu'elle allait rouvrir une enquête pour tenter de retrouver la trace des Japonais enlevés, une question qu'elle considérait jusqu'alors comme définitivement réglée. Mais l'administration du président américain, George W.Bush, ne semble pas disposée à bloquer le processus de dénucléarisation de la Corée du Nord à cause d'un problème intérieur japonais. Dans l'avion qui la conduisait en Allemagne, Condoleezza Rice a réaffirmé que la question des enlèvements était «d'une extrême importance» pour les Etats-Unis, mais a souligné les progrès accomplis grâce à l'intervention américaine. M.Komura a, par ailleurs, indiqué que l'Iran et la crise politique au Zimbabwe allaient être abordés par les huit ministres des Affaires étrangères. «Sur l'Iran, j'espère que nous nous exprimerons d'une seule voix pour lui demander d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à cesser l'enrichissement d'uranium», a-t-il dit.